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Hantise des habitants, les rats sont voués à ne jamais disparaître

23 septembre 2014

Cela fait des années que les petits rongeurs prolifèrent dans certaines rues du Neuhof malgré plusieurs opérations de dératisation. En cause, l'insalubrité des caves et la présence d'ordures dans les rues.

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L'ancienne rue de Nontron est actuellement au centre d'un plan de réhabilitation.

 

Rue de Thiviers, les échafaudages ornent la barre d'immeuble qui s'étend sur le bitume, à l'image d'une pièce de Lego® trop vieille, plantée dans sa structure urbaine. Un coup de pinceau pour maquiller l'histoire de la cité. Une touche de fraîcheur qui s'inscrit en réalité dans le cadre du PRU, et qui a le mérite de faire fuir de manière provisoire quelques rongeantes préoccupations, les rats.

Depuis des années, c'est un gros problème ici. Les petits rongeurs prolifèrent dans le quartier. Il y a bien eu des opérations de dératisation, comme celles des 1er, 11, et 22 août, ou encore celle du 5 septembre, dernière en date, menée conjointement par le bailleur social, Cus habitat et la Ville, après une grosse colère des habitants. Mais les rats reviennent, comme toujours.

 

 

« Avec les travaux de réhabilitation et les récentes interventions, les rats sont plus discrets », convient Sedjiu Lexhep, qui habite au premier étage du numéro 10 de la rue. Il raconte ses malheurs avec des sourires plein la bouche, comme des tics dont il ne peut se débarrasser. A l'image de ces rats qui vont et viennent dans sa rue, et qui se sont parfois nichés dans son logement. « Ils arrivaient par la salle de bains et traversaient la pièce », explique-t-il. Il ôte alors une plaque sous sa baignoire et s'accroupit. Il montre les traces laissées par les rongeurs, qui cavalaient quotidiennement chez lui, ou au seuil de son immeuble, parmi les débris que les mauvaises herbes cachent à peine.

 

20140924-TP dsc_0024.jpgDans le logement de Sedjiu Lexhep, les rats arrivaient par la salle de bains.

Des déchets organiques à l'extérieur

 

De porte en porte, les discours se ressemblent. L'été fut « infernal », s'accordent à dire les résidents. « Régulièrement, on se trouvait nez à nez avec des rats. On en a déjà eu dans nos locaux, notamment dans une pièce où on entrepose du matériel », se désole Christine Birckel, responsable de la garderie La clé des champs, située à quelques échafaudages de là. Elle aussi explique que depuis les travaux et les dernières opérations de dératisation, les rats se font plus rares. Mais le timbre de Christine Birckel sent aussi un peu la colère. « Si les gens continuent comme ça, ils risquent de revenir. » C'est la question qui fait débat. La prolifération de ces rongeurs, des rats bruns, serait due avant tout à l'insalubrité des sous-sols mais aussi au comportement des habitants.

Rue de Thiviers, les portes qui mènent aux caves sont soudées de l'intérieur et les poignées ont été enlevées, pour éviter les squats. Une décision de Cus Habitat qui irrite les habitants mais une cachette idéale pour les nouveaux riverains. « Pour proliférer, un rat a besoin d'un abri et de nourriture. C'est tout », lâche le docteur Arnaud Mourey, vétérinaire à Strasbourg. Pendant des années, les rongeurs ont donc profité du manque d'entretien et de présence humaine pour creuser des galeries et s'installer.

Mais le problème s'est rapidement exporté dehors. « S'il y a autant de rats à l'extérieur aujourd'hui, c'est qu'il y a du pain, de la nourriture et des ordures dans les rues. Il faut savoir que ce type de rongeurs peut sentir une poubelle à un kilomètre à la ronde », expose Frédéric Tonini, gérant d'Avipur, l'entreprise en charge des opérations de dératisation dans le quartier.

Sur les trottoirs de la rue de Thiviers, les sacs poubelles jonchent parfois le pied des immeubles et des restes de nourriture colorent le bitume vieilli par l'herbe qui pousse. Certains disent que les services de la Ville ne font pas bien leur travail. D'autres invitent les habitants à se montrer plus responsables. Qu'importe. « Si les rats sont passés de l'intérieur à l'extérieur dans ce quartier, ce n'est pas un hasard, martèle Frédéric Tonini. Tout ce qu'on peut faire, c'est obstruer les canalisations et les lieux de passage à l'intérieur. On fait du travail de rebouchage et on pose des grillages », raconte-t-il, presque fataliste.

Des caves à la rue, l'impossible éradication

 

Car en réalité, il faudrait agir dehors, à ciel ouvert, directement là où les nuisances se font le plus ressentir et où les rats se nourrissent. « On est confronté à un problème : on ne peut pas mettre du poison à l'extérieur des bâtiments, il y a des enfants, du passage. Pour ça, il faudrait isoler le périmètre pendant six mois. » Efficace, assure-t-il, mais impossible. Frédéric Tonini l'avoue volontiers, les opérations permettent de faire diminuer la population de rats sur le court terme, mais pas de parvenir à une « complète maîtrise ». « C'est un coup d'épée dans l'eau », assène-t-il.

Dans les grandes villes, les rats bruns sont de plus en plus nombreux à crapahuter à l'état sauvage. Considérés depuis les années 1980 comme des nouveaux animaux de compagnie, ils sont aussi de plus en plus en vogue dans les foyers. Pas sûr cependant que le film d'animation Ratatouille, qui a participé à l'élan d'affection général envers les petits rongeurs, soit très apprécié à la garderie de la rue Thiviers.

LEGENDE

Thibault PETIT

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