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Habitat participatif : le terrain du Neuhof ne séduit pas

21 septembre 2015

LEGENDE

En mai 2015, la Ville a ouvert sa troisième consultation autour de l'habitat participatif. Cinq terrains sont proposés à la vente aux particuliers souhaitant se lancer dans l'auto-promotion immobilière. Victime de son éloignement du centre, un terrain du Neuhof, dans le Stockfeld, peine à attirer les postulants. 

En 2009, la Ville de Strasbourg se lançait dans l'habitat participatif, suivant l'impulsion de l'association Eco-quartier, qui regroupe des familles volontaires pour se lancer dans la construction de leur propre immeuble ou commerce en se passant des services d'un promoteur immobilier. Aujourd'hui, 17 terrains disséminés à travers la ville, du Neudorf à la ZAC Etoile, font l'objet d'une option ou sont déjà en cours de construction. Malgré des débuts balbutiants, deux consultations sur l'auto-promotion ont été lancées par le service des projets urbains. Le principe : permettre à des groupes de particuliers de postuler à l'achat de terrains disponibles et gérés par la collectivité. Depuis mai 2015 et jusqu'au 9 octobre, une troisième consultation s'est ouverte, mettant à disposition cinq terrains : deux à la Robertsau, un à Cronenbourg, un au Neudorf, et un dernier au Neuhof, au beau milieu du Stockfeld... qui semble n'intéresser personne. A moins d'un mois de la clôture du dépot des candidatures, le jardin de la rue des Chanoines-Lux devrait rester en friche encore un bout de temps. 

"A ce stade, il est trop tôt pour se prononcer définitivement, nuance Alain Kuntzmann, du service des projets urbains. Mais il est vrai qu'aucune candidature n'a été déposée. Une famille était intéressée à l'ouverture de la consultation, mais ils n'ont pas pu constituer un groupe assez solide." Quand on se rend sur les lieux, difficile de projeter la construction de quoi que ce soit : le terrain, envahi par les herbes folles, semble à l'abandon. Contre la clôture défraichie, une voiture prend la poussière. Au fond du terrain s'empilent outils de jardinages, bâches, vieilles bottes et déchets en tout genre. Seules quelques tomates et plants de salades mettent un peu de vie. A première vue, l'endroit peine à faire rêver les architectes et futurs co-propriétaires. Pourtant, au-delà de cette première impression, il n'est dénué ni de potentiel, ni d'intérêt.

Au coeur d'un quartier tranquille, mais proche de l'artère de la route d'Altenheim et à quinze minutes à peine de l'arrêt Rodolphe Reuss (tram C), le terrain permettrait la construction de deux à trois logements sur 300 mètres carré constructibles environ, avec un jardin donnant sur la rue. Aux alentours, on trouve la Ferme apicole, des commerces et banques, une église, et le collège du Stockfeld. Si le quartier est résidentiel, il n'est pas non plus coupé de tout. Mais pour l'aspirant autopromoteur type, ce n'est pas suffisant.

"Pour être tout à fait honnête, avoue Alain Kuntzmann, on a constaté au fil des consultations que plus un terrain était proche du centre, plus il était convoité. La plupart des postulants sont dans une démarche écolo et se sont plus ou moins affranchis de la voiture. Alors ils veulent être proche du centre-ville, et surtout qu'il y ait un arrêt de tram à proximité." Si le premier critère des postulants est une surface constructible adaptée à leur projet, la centralité et l'accessibilité sont en effet essentielles. Co-gérante de Baugroupe, lauréat de la deuxième consultation, Fabienne Commessie confirme : "Nous sommes trois familles à venir du centre-ville et nous y sommes très attachés." S'il avait trouvé un terrain répondant à ses diverses attentes (jardin, bonne exposition pour des performances énergétiques) situé au Neuhof, le groupe aurait-il candidaté ? "Je ne pense pas, répond-elle. Trop loin. Un terrain non-desservi par le tram ne nous intéressait pas du tout." Du côté du collectif E-Zero, autre lauréat, même son de cloche : "Très peu de nos membres possèdent une voiture, explique Alexandre Braboszcz, co-gérant. On voulait avant tout être vite arrivés au centre, proche des commerces et des activités pour les enfants."

Toujours est-il qu'avec une charge foncière évaluée entre 105 000 et 120 000 euros, le terrain du Neuhof est l'un des plus accessibles de cette troisième consultation. Un tarif peu élevé qui ne jouera cependant peut être pas en sa faveur à l'issue des dépots de candidatures, le 9 octobre. Alain Kuntzmann espère que le bouche-à-oreille fonctionnera et permettra au terrain de trouver preneur à la consultation suivante : "Le Neuhof est une entité à part, avec une vraie vie de quartier. Si les gens du coin voulaient investir, ils seraient très certainement ravis du terrain. Mais les gens du centre, qui postulent le plus, non."

Nina Moreno et Antoine Terrel (photos)

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