18 décembre 2007
L’Ukraine abrite le deuxième plus grand réseau de gazoducs au monde. Il est le garant de la fourniture en gaz de l’Union européenne. Les récentes tensions avec le producteur russe Gazprom ont convaincu les Européens de la nécessité de faire rapidement de Kiev un allié sûr dans le domaine énergétique.
Environ 80% du gaz russe destiné à l’Union européenne transite par l’Ukraine. Soit trois partenaires mutuellement dépendants. Or, l’équilibre russo-ukrainien est fragile, comme l’a prouvé la crise du gaz de 2006. Gazprom avait brutalement décidé de suspendre ses exportations de gaz pendant plusieurs jours en direction de l’Ukraine en raison d’un contentieux financier entre les deux pays. Autre exemple, en août 2007, le secrétaire adjoint du Conseil de sécurité nationale et de défense de l’Ukraine, Iouri Prodan, a évoqué la possibilité de réviser les tarifs du transit du gaz russe livré à l’Europe. Ce qui entraînerait une augmentation du prix pour les Occidentaux. D’où l’importance pour l’UE de sécuriser cette source d’approvisionnement.
Depuis l’élargissement de 2004, l’UE est devenue le principal partenaire commercial de l’Ukraine. Ils ont signé en décembre 2005 un protocole d’accord sur l’énergie, qui porte sur l’intégration des marchés du gaz et de l’efficacité énergétique. Celui-ci fait actuellement l'objet d'une renégociation dans le cadre d'un futur accord de "coopération renforcée". Mais l'instabilité du gouvernement ukrainien ne facilite pas les choses. Ioulia Timochenko, égérie de la révolution orange, a certes été nommée Premier ministre le 18 décembre, trois mois après les élections législatives, mais le parti pro-russe reste très représenté au parlement ukrainien.
«Pour s’assurer du soutien de l’Ukraine, c’est du donnant-donnant. Nous pouvons par exemple leur proposer une aide financière dans un domaine précis en échange de garanties d’approvisionnement. Il faut aussi examiner de plus près cet accord de coopération. L’Ukraine s’est également engagée avec la Russie. Il est préférable qu’il n’y ait pas d’arrangements croisés», commente Rafal Trzaskowski, assistant parlementaire du polonais Jacek Saryusz-Wolski (PPE_DE) auteur du rapport sur "une politique étrangère commune dans le domaine de l'énergie"approuvé cet automne par Strasbourg.
Projets de contournement
Entretemps, plusieurs Etats membres de l’UE soutiennent des projets de contournements tels que la construction du gazoduc Nabucco qui acheminerait du gaz de la Mer Caspienne. Mais d’après Dominique Fache, membre du directoire de Siberian Coal Energy Company (SUEK), on n'échappera pas à la nécessité de sécuriser les approvisionnements énergétiques via l’Ukraine. Une solution pourrait être d' initier un consortium, comprenant Gazprom, pour la gestion de ses gazoducs. Co-dirigé par Gaz de France, par exemple.
Maud Czaja à Strasbourg
Une Charte pour l’énergie toujours en négociation
La question de la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Communauté européenne a été posée dès l’éclatement de l’URSS. En 1991, 51 Etats ont signé la Charte européenne de l’énergie. Parmi eux, les pays européens, le Japon, la Norvège ou encore la Russie. Seuls 46 l’ont ratifiée. La Russie, premier producteur mondial de gaz et le deuxième producteur de pétrole, s’y refuse.
La Charte de l’énergie fait toujours l’objet de négociations lors des sommets UE-Russie. Elle soutient une coopération internationale dans le domaine de l’énergie. Le traité sur la Charte de l'énergie a été signé en 1994 et est entré en vigueur le 16 avril 1998 à titre provisoire. Les principales dispositions du traité concernent la protection des investissements, le commerce des ressources énergétiques régit par les règles de l’OMC et le transit des matières énergétiques.
Maud Czaja