15 mars 2017
Trois questions à l'eurodéputé slovène Ivo Vajgl (ALDE, libéraux-démocrates), auteur d'un rapport sur la situation de la Macédoine. Candidat à l'adhesion, le pays traverse actuellement une grave crise politique.
La Macédoine est candidate à l'entrée dans l’Union européenne depuis 2005. Où en est cette candidature ?
Des progrès notables ont été réalisés dans les domaine de l’économie, de l’emploi, de l’administration publique, et de plusieurs autres secteurs. Néanmoins, il n’y a pas assez d'avancées concernant la liberté des médias dont la ligne politique n'est pas indépendante.
Sur le plan judiciaire, les réformes restent très insuffisantes alors qu'elles sont primordiales pour permettre à la justice d’agir librement, sans pression politique.
A l’heure actuelle j’ai le sentiment que cette incapacité de la Macédoine à faire des progrès est due à la crise politique qu'elle traverse ces dernières années.
Votre rapport devait être débattu et voté du 13 au 16 mars durant la session plénière du Parlement européen. Pourquoi a-t-il été ajourné ?
Malgré la tenue d'élections législatives en décembre dernier, la formation d'un gouvernement est toujours bloquée. Le Parlement européen a décidé d'ajourner le vote du rapport - même si les conclusions étaient plutôt positives pour la Macédoine - du fait de cette crise politique qui risque de se transformer en un dangereux conflit ethnique. [Le parti nationaliste accuse les sociaux-démocrates de vouloir former un gouvernement pro-albanais.]
Le Parlement européen a préféré repousser l'examen du rapport à la prochaine session plénière, en espérant que la crise politique soit résolue d'ici là.
Pensez-vous que les luttes intestines entre les partis politiques macédoniens puissent mettre en danger la candidature de la Macédoine ?
Il manque un consensus en Macédoine. Si on a un objectif stratégique comme l'adhésion à l'UE, alors une politique d'inclusion et de coopération est nécessaire entre tous les partis politiques. Dans tous les pays qui ont rejoint l'UE lors de la dernière décennie il y avait un consensus national sur l'adhésion comme priorité absolue de la politique dans son ensemble. La crise politique macédonienne doit être résolue pour que les négociations sur l'entrée du pays dans l'UE ne soient pas une simple perspective lointaine mais un véritable programme d'action.
Texte et Photo : Aurélia Abdelbost
Infographie : Vickaine Csomporow