16 mars 2017
Il y a un an, l'Union européenne et la Turquie concluaient un accord pour résoudre la crise migratoire. Réunis à Strasbourg, les eurodéputés ont fait le point sur la situation, sur fond de crise diplomatique.
« Nous devons débattre sérieusement du cas de la Turquie qui se permet de traiter des pays européens de fascistes. » C’est avec ces mots que Sanders Loones (ECR, conservateurs) a lancé les débats, lundi 13 mars à Strasbourg, au Parlement européen.
La semaine précédente, l'interdiction de plusieurs meetings en Europe, auxquels devaient se rendre des ministres turcs, avait déclenché de violentes réactions de la part du président turc Recep Tayyip Erdogan. Comparant ces méthodes à du « nazisme » et les Pays-Bas à une « république bananière », il est allé jusqu'à menacer de rompre unilatéralement l'accord sur les migrants signé avec l’Union européenne en mars 2016.
Des attaques virulentes dénoncées par certains dirigeants comme le président du Conseil européen Donald Tusk, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel. Malgré ces condamnations orales, l’Union européenne n’a, pour l’instant, adopté aucune sanction concrète contre la Turquie. Et pour cause. L'accord migratoire conclu l'année dernière, et destiné à endiguer l'afflux massif de réfugiés en Europe, reste stratégique pour de nombreux pays européens.
« Erdogan a abusé de cet accord », a affirmé Ska Keller, co-présidente allemande du groupe Verts/ALE, au cours du débat au Parlement. Selon elle, la situation actuelle donne au président turc une liberté de ton mais le « soustrait également aux critiques sur les violations des droits de l'homme » faites depuis plusieurs mois. L’Allemande Angelika Mlinar (ALDE, libéraux) a encouragé les européens à arrêter de « décliner leurs responsabilités » et à enfin trouver des « alternatives » au pacte entre l'UE et la Turquie, comme la création d'un visa humanitaire. Manfred Weber, président du groupe PPE, a plaidé, en revanche, pour un maintien du texte. Quant à Guy Verhofstadt (ALDE, libéraux), il a demandé le gel immédiat des négociations d'adhésion de la Turquie à l’Union. Au risque qu'Ankara ne respecte plus ses engagements envers ses partenaires européens.
Victor Noiret