15 mars 2017
Le Parlement européen a adopté lundi 13 mars une résolution demandant aux Etats européens d'intensifier leurs efforts pour parvenir à l'égalité entre femmes et hommes.
Si des progrès ont été réalisés ces dernières années, le chemin vers une véritable égalité entre les hommes et les femmes reste encore long. Telle est la conclusion du débat sur les inégalités de genre en Europe qui s'est tenu lundi 13 mars au Parlement européen.
Auteur du rapport sur « l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’Union européenne en 2014-2015 » soumis à la discussion, l'eurodéputé espagnol Ernest Urtasun (Verts/ALE) s'est montré particulièrement critique à l'égard de la stratégie de la Commission européenne, affirmant que son action en la matière était insuffisante. Il a également dénoncé le manque de volonté de certains Etats membres.
Violences physiques et inégalités salariales
En 2011, le Conseil de l'Europe a adopté la convention d'Istanbul visant à la mise en place d'un cadre juridique cohérent pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique. Aujourd'hui, seulement douze des vingt-huit Etats membres de l'Union européenne l'ont ratifié. Il y a « de plus en plus de victimes » mais toujours « aucune volonté politique » a déploré Ernest Urtasun. Dans son rapport, il rappelle qu'un tiers des femmes ont déjà subi des violences physiques et sexuelles et que la moitié des femmes victimes de meurtre sont tuées par un conjoint, un parent ou un membre de leur famille.
Le rapport Urtasun souligne également la persistance des inégalités de rémunération. « Dans la moitié des États membres, comme la Croatie, l’Italie, Malte, la Pologne, la Roumanie et la Slovénie, les femmes continuent de gagner en moyenne 40% de moins que les hommes », explique Ernest Urtasun. « Réduire l’écart entre les salaires des hommes et des femmes est urgent. Il est aujourd’hui de 16,4%. L’Union européenne continue à progresser à un rythme trop lent sur le sujet, et c’est un vrai problème ». D'autant plus que cet écart se ressent également parmi les retraités, les pensions des femmes étant en moyenne 16,5% plus faibles que celles de hommes.
Un rapport prometteur bien qu'incomplet
Si certains des eurodéputés se sont opposés à la résolution proposée par Urtasun, la plupart ont appelé avec lui à une meilleure utilisation des financements européens pour lutter efficacement contre les violences et les inégalités entre femmes et hommes. L'adoption de la résolution par 369 voix contre 188 a ainsi été saluée par l’eurodéputé allemand Stefan Eck (GUE, gauche radicale): « C'est un succès qui invite à modifier notre travail sur la question d’égalité en Europe ».
La vice-présidente de l'organisation « Femmes égalité », à Strasbourg, Elisabeth Hamze, se montre quant à elle plus critique. Outre dénoncer la trop faible attention accordée par l'Union européenne à la question de l’accueil des femmes refugiées et des demandeurs d’asile, elle regrette le laxisme vis-à-vis des entreprises qui discriminent les femmes. Selon elle, le Parlement européen devrait s’engager davantage dans ce domaine. « Dans notre association, nous travaillons sur la question de l’égalité : nous avançons, mais tout seuls.»
Shaza Maddad