10 décembre 2008
L’année européenne 2009 sera politique. Elle sera partisane et concurrentielle.
« La politique doit être de retour en Europe. Et faire de la politique c’est proposer des choix », déclarait Nicolas Sarkozy (PPE) le 16 décembre dernier aux parlementaires européens, lors du discours de clôture de sa présidence hyper-active du Conseil. Dix europartis, fédérations de partis nationaux, s'activent déjà à le prendre au mot. Leur objectif immédiat est d’affermir leurs prises sur les ressources institutionnelles de l'Union par le scrutin parlementaire de juin. Ensuite, charge à eux de délivrer aux électeurs les politiques qu'ils ont choisies. Dans leur ligne de mire : janvier 2010 et la présentation par le nouveau président de la Commission européenne de son programme législatif pour cinq ans. Entre ces deux moments clefs, un écueil, dressé par le Conseil européen du 12 décembre : le deuxième référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, prévu pour l’automne prochain, auquel l'avenir institutionnel de l'Union est suspendu.
Des europartis en quête de légitimité
Apparue discrètement sur la scène officielle de l'Union en 2004, cette nouvelle génération de machines politiques entend réconcilier les citoyens avec l'Europe, en leur parlant un langage qu'ils connaissent depuis cent cinquante ans, celui des clivages qui font s'affronter les grandes familles dans un combat démocratique d'où sortent périodiquement des vainqueurs et des vaincus.
Désormais, les clivages seront transnationaux, pour autant que les partis nationaux acceptent de jouer le jeu. La dynamique de politisation bouscule l’idée selon laquelle l’Union européenne fonctionne avant tout au consensus. Mais les temps ont changé. Le projet du marché unique, sur lequel la Communauté s’est édifiée, est désormais achevé. L'architecture est là, couronnée par une monnaie. Comment l'habiter? Les choix qui attendent l’Union s’appellent désormais sécurité énergétique, réforme des marchés financiers, défense, immigration, nouvelle donne économique et sociale. Le cœur même de ce qui relevait, hier, de la politique nationale.
Une politisation sur fond de crise
Sur toutes ces questions, ouvertes aux vents d’une mondialisation en crise, l’année 2009 sera décisive. Dès le 21 janvier prochain, les rapports avec les Etats-Unis seront à réinventer. Le 2 avril, la réunion du G20 à Londres sera une première étape vers un nouvel ordre financier mondial. Le lendemain, au sommet du soixantenaire de l’Otan, à Strasbourg et à Kehl, l'UE réévaluera son rôle dans la sécurité internationale. Et le 18 décembre à Copenhague, 20 ans après la chute du mur de Berlin, le sommet de l’après Kyoto nous dira si une troisième révolution industrielle est en marche. Le tout sur fond d'une récession aux effets imprévisibles, qui ébranle les fondations sur lesquelles le consensus européen s'est construit: toujours plus de libéralisme économique a cessé d'être la formule du compromis acceptable. Le pari d'une refondation politique dans la tempête n’est pas gagné pour les europartis, qui cumulent les handicaps. Dépourvus de visage, ils vont devoir se déployer et manifester leur présence au Parlement, à la Commission, et au sein même du Conseil européen face à des citoyens qui ignorent jusqu'à leur nom. Il est pourtant trop tard pour reculer. Les europartis sont en mouvement.
Emilie Salvaing
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