17 mai 2017
Pour Olivier Costa, directeur de recherche au CNRS à l'IEP de Bordeaux et spécialiste de l'Union européenne, la nomination de l'eurodéputée bulgare de 37 ans Mariya Gabriel (PPE, conservateur) comme commissaire à l'économie et à la société numériques n'est pas une surprise.
Quel est le parcours de Mariya Gabriel ?
Je l'ai connue lorsqu'elle est venue à Bordeaux dans les années 1990. Elle faisait partie de ces excellents étudiants de filières bilingues venant de Bulgarie. Elle a commencé une thèse de science politique dans mon laboratoire de recherche. Ce n'était pas facile pour Mariya : elle n'avait pas de financement et très peu de moyens. Au cours de sa thèse, elle a été amenée à rencontrer Boïko Borissov, l'actuel Premier ministre bulgare. Elle s'est ensuite présentée aux élections européennes sur les listes de son parti (NDLR : affilié au PPE) et a été élue en 2009.
Quels sont les qualités qui lui ont permis d'être nommée à ce poste ?
Elle a une bonne connaissance des langues et de l'Europe. Mariya a un attachement particulier à la langue française et, lorsqu'elle a été élue eurodéputée, elle a tenu à s'entourer d'assistants francophones. La Bulgarie a voulu nommer quelqu'un pour ses compétences. Au Parlement européen, elle a très vite acquis la réputation d'être quelqu'un de fiable et sérieux. Je pense qu'en tant que commissaire, elle sera dure à la tâche. De plus, elle a su se tenir à distance des scandales qui ont éclaboussé la politique bulgare.
Que va-t-elle faire à la Commission ?
Elle aura en charge la politique numérique à la Commission européenne. Pour l'Union européenne, cette question est centrale. Jean-Claude Juncker (président de la Commission européenne) voulait une équipe dynamique composée de jeunes et de femmes. Mariya a donc toute sa place à la Commission où elle va pouvoir apporter des idées novatrices.
Propos recueillis par Johan Cherifi
Photo : Olivier Costa