19 octobre 2017
Plusieurs fois convoquée en équipe nationale féminine de basket-fauteuil, Jessica Maurer peine à trouver sa place dans le cinq du club strasbourgeois de l'ASHPA. L'Alsacienne compte bien réintégrer la rotation de l'équipe, bonne dernière du championnat de France.
C'est peu dire que Jessica Maurer est sortie frustrée de la rencontre opposant samedi 13 octobre son équipe de l'ASHPA (Association Strasbourg Handisport Passion Aventure) aux Bretons de Lannion, comptant pour le championnat de France d'handibasket. Les Alsaciens ont concédé dans leur salle des Poteries une troisième défaite en autant de journées disputées et restent bons derniers de Nationale A (NA), l'élite hexagonale du basket-fauteuil. Plus que le résultat, la joueuse de 28 ans a regretté de ne pas avoir eu sa chance sur le parquet. Un match subi depuis le bord du terrain, à l'image de son temps de jeu depuis le début de la saison, famélique quand il n'est pas nul.
« J'ai déjà envisagé de partir »
Si le handibasket est l'un des rares sports faisant le pari de la mixité jusqu'en première division, se faire une place dans des rotations encore largement masculines n'est pas chose aisée pour les joueuses de NA. Seule femme de l'équipe première de l'ASHPA, Jessica compte bien s'imposer dans l'équipe alsacienne au fil de l'exercice 2017-2018.
« J'ai déjà envisagé de partir », Jessica Maurer, joueuse de l'ASHPA.
Convoquée aux stages de l'équipe de France depuis 2012 mais non sélectionnée pour les JO-2016, celle qui égrène les gymnases depuis plus de 20 ans espère retrouver prochainement le maillot bleu, avec en ligne de mire les Jeux de Tokyo, dans trois ans. Pas question pour autant de faire ses valises pour un club lui offrant un temps de jeu à la hauteur de ses ambitions. « J'ai déjà envisagé de partir, concède la basketteuse. Mais avec les objectifs que je me fixe, je ne peux pas me permettre de rejoindre un club plus faible. Et puis j'adore mon boulot. Le basket est ma passion, mais je ne quitterai pas mon travail pour lui. »
Dans un sport où certaines joueuses occupent les parquets jusqu'à 50 ans, la secrétaire gestionnaire dans un laboratoire de mathématiques ne ménage pas ses efforts pour intégrer définitivement la rotation strasbourgeoise. Présente à tous les entraînements des deux équipes séniors, Jessica peut aussi s'enorgueillir d'un coefficient individuel de handicap relativement faible. En basket-fauteuil, chaque joueur se voit ainsi attribuer une classe comprise entre 1 et 5 – la dernière correspondant à un individu valide – selon son handicap. A tout moment, les cinq joueurs alignés sur le parquet ne peuvent excéder un total de 14,5 points. Etabli à 3,5 points en équipe féminine, le coefficient de Jessica descend à 1,5 quand elle bataille aux côtés des hommes. « Cette conversion permet d'intégrer plus facilement les femmes, qui ne sont déjà pas suffisamment nombreuses pour jouer leur propre championnat, explique-t-elle. J'ai déjà pas beaucoup de temps de jeu avec 1,5, alors avec 3,5... »
Laterne rouge du championnat de France, l'ASHPA tentera de remporter sa première victorie de la saison à Genneviliers, samedi 21 octobre. Un match couperet contre un concurrent direct pour le maintien en NA. Face aux Franciliens, Jessica espère grapiller quelques minutes de jeu et montrer, enfin, qu'elle vaut mieux qu'un simple faire-valoir international.
Eddie Rabeyrin et Corentin Lesueur