04 octobre 2019
À l’école maternelle du Gliesberg, dans le quartier de la Montagne-Verte, des parents immigrés se réunissent tous les mardis et jeudis matin pour un cours de français langue étrangère. Une initiative de la Ville de Strasbourg, mise en place il y a trois ans, pour favoriser la communication parents-professeurs.
Les cours commencent à 8h30, pour permettre aux adultes de déposer les enfants à l'école en même temps./ Photo Sarah Chopin
Dans une salle de l’école maternelle du Gliesberg, une dizaine de parents d’élèves sont réunis de bon matin ce jeudi 3 octobre. À gauche de la grande table à laquelle le petit groupe est installé, deux mamans discutent en allemand avec la formatrice, Fabienne Helfer, du centre socioculturel de la Montagne-Verte. De l’autre côté de la salle, on entend quelques mots d’arabe. Géorgiens, Irakiens, Syriens ou Italiens : tous sont venus ce matin pour apprendre le français, qu’ils ne parlent pas très bien, ce qui complique leur communication avec l’école de leurs enfants.
Des conséquences sur le travail de l’enfant
C’est un constat récurrent au Murhof, micro-quartier de la Montagne-Verte, classé prioritaire dans le contrat de ville 2015-2020 de l’Eurométropole. Ici, les équipes enseignantes se plaignent des difficultés croissantes de communication avec des familles d’origines de plus en plus diverses. « Ce n’est pas vraiment un problème de relations, estime Elisabeth Braun, directrice de l’école élémentaire du Gliesberg. Le climat est serein. La difficulté, c’est plutôt de faire venir les parents à l’école, de les aider à s’impliquer dans la vie scolaire. »
Or quand les parents ne suivent pas, l’élève travaille moins bien. Le Murhof présente, parmi tous les quartiers prioritaires de l’Eurométropole, un des plus faibles taux de titulaires d’un diplôme bac+2. C’est face à ce constat que la Ville a mis en place, il y a trois ans, des cours de français langue étrangère dans les écoles.
Au Gliesberg, la classe pour les adultes commence aussi à 8h30 : un horaire assez matinal mais qui permet aux parents d’éviter les aller-retours. « C’est l’heure à laquelle ils viennent déposer les enfants », précise Fabienne Helfer. Ils sont dix inscrits cette année. C’est un peu plus que l’année précédente où ils n’étaient que trois vraiment assidus.
Des parents satisfaits
Si Fabienne Helfer se réjouit de l’initiative, elle regrette tout de même un certain manque d’implication de la Ville : « En particulier la première année, les conditions n’étaient pas toujours optimales. Dans certaines écoles, on n’avait même pas de salle à disposition et j’ai dû donner plusieurs leçons dans le préau. » Ce matin, au Gliesberg, c’est surtout le manque de chaises qui pose problème, une fois que les retardataires sont tous arrivés. « Bon, c’est pas grave, je vais faire cours debout », rigole la formatrice.
Suzanne, maman irakienne de trois enfants, participe depuis un an : « Je voudrais trouver du travail. Pour ça, il faut que je parle français. » Si le cours l’a aidé ? « Oui, beaucoup. Ça m’aide à communiquer avec mes enfants, avec mes copines aussi. » Cette année, le groupe est un peu hétérogène : quand certains se débrouillent déjà, d’autres ne comprennent pas un mot. Mais la solidarité règne dans la petite salle de classe : Yasin, papa syrien, n’a pas l’air de comprendre la signification du mot « marié ». Heureusement, Warda, une maman algérienne est là pour lui traduire en arabe.
Sarah Chopin