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Faire se rencontrer élèves de l’Ecole nationale d’administration (Ena) et collègiens de François-Truffaut, classé en zone d’éducation prioritaire (Zep), tel est le but du projet Tutor’Ena. En novembre, les collégiens candidats seront sélectionnés pour se rendre sur le site strasbourgeois de l'école des hauts fonctionnaires.

Des élèves de François-Truffaut et leur tuteur, au sein de l'Ecole nationale d'administration. (D.R)

« Ce n’est pas un recrutement ! » Pour Laetitia Boulom, documentaliste du collège François-Truffaut, le but du projet Tutor’ena est « d’ouvrir l'horizon des élèves sur le lycée général. Et après, pourquoi pas, sur les grandes écoles. » 

A l'origine, Tutor’Ena met en relation des élèves de l’Ena et des candidats au concours d'entrée. Mais le programme s'étend aussi à d'autres publics, comme ces collégiens de Hautepierre. Et il faut alors ajuster le tir. « On s’est rendus compte que nos messages ne correspondaient pas forcément à ce qu’attendaient les collègiens », explique Gaëlle, qui boucle son cursus à l'école strasbourgeoise.  

D’où le programme de tutorat adapté aux collégiens de François-Truffaut, venus trois fois l’an dernier à la Petite France. Un atelier sur l’Europe et sur la fonction publique, et une simulation d’entretien pour préparer la posture, la façon de parler de soi, la manière de se valoriser, est destiné aux élèves de 3^e. Mais aussi, comme à l’Ena, le choix d’un nom de promotion. Les 4^e, eux, ont eu droit à une véritable séance de mediatraining, « un entretien filmé, puis regardé ensemble. L’objectif c’était de se donner confiance », explique Gaëlle. 

Julie et Gaëlle, en fin de seconde année à l'Ecole nationale d'aministration (R.C. / Cuej).

Toujours dans l’idée d’adapter le programme à son public, une introduction à la méthodologie de la dissertation a été organisée pour les 3^e. « Organiser son discours, apprendre à faire un plan. Les enfants avaient apprécié cet exercice les années précédentes, et on n’a pas forcément le temps de s’occuper des bons éléments là-bas », explique Julie, elle aussi en fin du cursus. Ce que confirme Laetitia Boulom : « On fait beaucoup de soutien pour les élèves les plus en difficultés. Il n’y a pas beaucoup de choses pour les très bons. » 

Des très bons qui ne se sont pas montrés très impressionés par la machine Ena. « Ca leur parle pas trop », sourit Gaëlle. « On peut parfois ressentir un certain intérêt pour cette école. Je pense que pour eux, l’enjeu était surtout de sortir du collège. Donc on a dû expliquer qui on était, ce qu’on faisait. » Laetitia Boulom insiste sur des ateliers « nécessairement ludiques. Si c’est trop scolaire, ils décrochent, même si ce sont de bons élèves. »

D’où la cérémonie qui clôture chacun des ateliers : le goûter. « J’ai parlé de football, même si je n’y connais pas grand-chose, et aussi d’une star adolescente, je me demande si ce n’était pas Justin Bieber », raconte Gaëlle. « L’enjeu c’est de montrer que l’Ena et ce collège ne sont pas deux mondes déconnectés. » Et Julie d'ajouter : « On est des gens normaux. On prend des goûters. On aime bien les bonbons. »

L’an dernier, les quinze élèves de troisième impliqués dans le projet Tutor’Ena ont demandé une seconde générale. « Ce n’était pas forcément leur objectif au début », conclut Laetitia Boulom.

Raphaël Czarny et Emmanuelle François