16 octobre 2012
Et si le Ditib faisait coup double à Hautepierre ? Après l'annonce cet été de l'ouverture en janvier d'une faculté de Théologie islamique, c'est un lycée privé musulman qui pourrait ouvrir en septembre 2013, dans les locaux de l’union des affaires culturelles turco-islamiques, qui chapeaute 250 lieux de culte en France et 52 dans le Grand Est.
Le lycée pourrait ouvrir dans une addition de bâtiments aux locaux du Ditib, qui accueillera dès janvier la faculté de théologie islamique. (Photo CUEJ/Thibaud Métais)
Le projet est lancé. Un lycée privé musulman pourrait s'installer dès septembre 2013 à Hautepierre. Un dossier a même déjà été déposé à l'académie de Strasbourg. Pour Murat Ercan, président de la faculté libre de Théologie islamique de Strasbourg, cela ne fait aucun doute : "C'est en bonne voie. On est actuellement en discussion. On a complété le dossier et on l'a déposé à l'académie. Maintenant on attend, mais on est assez confiant. On pense vraiment pouvoir tenir les délais pour la rentrée prochaine."
A l'académie de Strasbourg, on botte en touche. "On reçoit beaucoup de demande de ce genre, je ne peux pas dire s'il y en a une particulière pour Hautepierre" déclare la responsable du service communication.
Comme pour la facultéqui ouvrira ses portes en janvier, c'est dans les locaux de l'antenne strasbourgeoise du Ditib, structure réputée proche d'Ankara, que le lycée pourrait s'installer. Ou plus précisément dans "une addition de bâtiments", comme l'indique Murat Ercan.
Un établissement d'abord hors contrat
Mais comme pour toute ouverture de ce genre, le cheminement est complexe. Si le lycée ouvre en septembre 2013, il ne serait pas sous contrat avec l'Etat. Il ne dépendra donc pas de l'Education nationale. Mais quoi qu'il arrive, même les écoles hors contrat sont tenues de respecter certaines règles (obligation scolaire, titres des enseignants, prévention sanitaire, etc.) si elles veulent décrocher l'autorisation d'ouvrir. Après cinq ans de fonctionnement hors contrat, l'établissement peut demander à se lier à l'Etat. L'enseignement doit alors suivre le programme officiel de l'Education nationale et les pouvoirs publics prennent en charge les dépenses de fonctionnement.
C'est cette longue route que souhaite emprunter Murat Ercan. "On attend d'abord d'ouvrir le lycée, c'est ce qui prime aujourd'hui. Mais à terme on veut demander un contrat avec l'Etat français, c'est important."
Une vraie place dans le quartier
Tout aussi important que la place du lycée dans la vie du quartier. Nul doute que cette ouverture risque de créer la polémique. Mais Murat Ercan se veut rassurant. "On veut avoir une vraie implantation à Hautepierre, confie-t-il. C'est pour cette raison que les jeunes du quartier seront prioritaires lors du recrutement. Rien que pour une question de proximité, cela me semble être du bon sens."
La question du financement d'un tel établissement n'est pas un problème, selon le président de la faculté. Comme pour cette dernière, "le Ditib financera en grande partie le fonctionnement. On cherchera l'équilibre avec les frais d'inscriptions." Le président révèle d'ailleurs que les étudiants devront débourser 1 000 euros par an pour s'inscrire à la faculté. Si les mêmes chiffres étaient appliqués au lycée, Hautepierre, où le revenu médian s'élève à 575 euros par mois, pourrait bien ne pas être très représenté.
L'adjoint du quartier Serge Oehler, affirme ne pas être au courant de l'initiative. "Je n'en ai jamais entendu parler. Mais c'est surement normal. Si le projet existe vraiment, c'est totalement privé. Le financement serait privé, les locaux aussi. La CUS n'a donc pas forcément à être tenue au courant." De son côté, Olivier Bitz, adjoint aux cultes, était injoignable ces jours sur cette question.
Pourtant, le projet délie déjà les langues. "J'en ai bien sur entendu parlé. Je ne me suis pas renseigné, mais ce qui est sur c'est que si l'autorisation est donnée, ils pourront ouvrir : avec le Ditib, ils auront les moyens financiers. Le seul bémol concerne les lycéens. Auront-ils les élèves qu'ils voudront ?", s'interroge Abdelhafid Akhmim, président de l'association de la Réforme sociale de Hautepierre (ARSH), gestionnaire de la mosquée de quartier.
Une question qui ne trouvera pas réponse tant que l'ouverture du lycée n'est pas effective.
Thibaud Métais