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Contrôle aux frontières : vers un modèle à l’italienne ?


16 mars 2023

En février dernier, un navire transportant des migrants a coulé au large des côtes italiennes. Juste avant ce drame, les parlementaires italiens adoptaient une loi pour limiter le sauvetage en mer et contrôler davantage les frontières. La volonté de l’Union européenne d’aller également dans ce sens interroge les parlementaires européens, qui peinent à se coordonner pour renforcer les règles migratoires.

« Notre rôle ici est de défendre les vies humaines », s'est insurgée la députée Manon Aubry (GUE/NGL, extrême-gauche) au Parlement européen. Ces propos font suite au naufrage fin février d'une embarcation de migrants en Méditerranée, qui a coûté la vie à plus de 80 personnes, le long des côtes de la Calabre italienne. Les autorités italiennes sont accusées de ne pas avoir réagi face à ce drame (voir encadré).

Selon la présidente du groupe d’extrême-gauche, le gouvernement italien est responsable : « Je le redis, même si ça provoque un peu d'émoi, oui, Giorgia Meloni [Présidente du conseil des ministres italien] a du sang sur les main».

L’Italie fortifie ses frontières

Depuis des mois, le gouvernement italien ne fait que renforcer sa politique migratoire. En janvier, le gouvernement publiait un décret imposant un code de conduite pour les navires humanitaires. Ce code implique pour les ONGs d’effectuer un seul sauvetage par sortie, mais aussi de naviguer jusqu’à des ports sécurisés et d'entamer les procédures de demande d’asile à bord des bateaux. Conséquences pour les ONGs : des voyages plus longs, plus coûteux et des vies laissées à l’abandon.

Après le drame, le gouvernement s’est réuni en mars pour l’adoption d’un nouveau décret. Il prévoit cette fois-ci la création d’un nouveau crime pour les passeurs et le renforcement des peines déjà existantes.

 

Une tendance répressive que suit l’Union européenne. Mardi, la Commission a publié des lignes directrices afin de renforcer le contrôle aux frontières pour les cinq prochaines années.

« Nous avons tous besoin de l’immigration à condition que celle-ci soit faite de manière légale et sécurisée », a déclaré la Commission européenne. Le texte prévoit la mise en place de dispositifs de surveillance aux frontières, comme le recours aux caméras et aux drones ainsi qu’un meilleur partage de données pour intercepter passeurs et navires.

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La politique migratoire européenne suscite de vifs débats © SOS Méditerranée

Vers plus de surveillance et contrôle en Méditerranée

Cette communication de la Commission fait sourire l’italien Marco Zanni, président (ID, extrême-droite), qui a toujours souhaité un durcissement du contrôle des côtes maritimes européennes : « J’apprécie [...] car aujourd’hui on change de cap, il n’y a plus ce discours des frontières ouvertes, on se concentre à présent sur la réduction d’une activité qui est illégale ».

 

Mais ce durcissement des frontières révolte les groupes de gauche. « Le Conseil et la Commission doivent mettre fin à cette tactique mortelle qui consiste à détourner le regard et à s’enfermer derrière des murs », s’insurge la députée Tineke Strik (Les Verts, écologistes). Même son de cloche pour la députée Sophia In’t Veld (Renew, libéraux), qui en conclut : « Les murs, ça ne fonctionne pas et ils ne résoudront pas les problèmes d'aujourd'hui ». 

Ilham Ech-Cheblaouy, Angélina Lenez et Justine Le Pourhiet

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