10 octobre 2018
Sur les 274 rues, avenues, places et allées d'Illkirch, 60 portent des noms d'hommes célèbres. Galillée, Jules Verne, Louis Pasteur, François Mitterrand... Ils sont 15 fois plus que leurs homologues féminines, qui viennent d'accueillir une quatrième femme française. Eugénie Brazier, dite "la mère Brazier", a donné ce lundi 8 octobre son nom à un segment de la route du Rhin, où se trouve le lycée hôtelier de la ville. Simone de Beauvoir, Colette et George Sand ont ainsi été rejointes par la première cheffe à avoir décroché les prestigieuses trois étoiles du guide Michelin en 1933.
Née en 1895 dans l'Ain et issue d'un milieu populaire, Eugénie Brazier est considérée comme la mère emblématique des bouchons, restaurants traditionnels lyonnais. Après avoir été mise à la porte de chez elle à 19 ans car enceinte d'un homme marié, elle fait ses débuts dans un restaurant tenu par une femme, et ouvre son propre établissement à Lyon en 1921, « La mère Brazier ». Parmi ses plats signatures, on retrouve le fond d'artichaut au foie gras, la volaille de Bresse ou encore le gâteau de foie de volaille et de lapin. En 1946, elle prend le jeune Paul Bocuse en apprentissage. Elle sera aussi la première cheffe, tous sexes confondus, à obtenir trois étoiles pour ses deux restaurants.
Ce n'est donc pas un hasard si le nom de cette grande cuisinière vient rejoindre les trois femmes de lettres présentes à Ilkirch : le lycée Alexandre-Dumas et le Centre européen de formation et de promotion par alternance pour l'industrie hôtelière (CEFPPA) Adrien-Zeller forment un véritable pôle d'excellence. La petite fille de la cheffe était présente, en compagnie de la proviseure du lycée et de Claude Froehly, maire d'Ilkirch-Graffenstaden, pour l'inauguration de cette nouvelle plaque à l'honneur d'une des plus grandes cuisinières de France.
Clémentine Rigot