19 octobre 2017
Dans le cadre de l'exposition « Laboratoire d'Europe », la médiathèque Sud a choisi d'explorer la fin du XIXe siècle et l'entre-deux guerres, dans la commune à travers une exposition de cartes postales de la « Belle époque ». Issues des archives municipales et des fonds des associations locales, elles font la part belle aux loisirs comme le sport, la musique ou la restauration. Jusqu'en 1918, Illkirch-Graffenstaden est un territoire allemand, mais le français est toujours pratiqué. Conjuguée à la forte activité industrielle (SACM, ferronneries...), cette double identité va accoucher d'une étonnante vitalité. « Mes ancêtres sont venus de l'Est de l'Allemagne pour travailler ici, relate Véronique de Robert, responsable de l'exposition. La région était alors très attractive. »
Les sociétés de gymnastique essaiment. La première, dont les membres forment une pyramide sur une carte postale, est créée en 1868. Plusieurs naissent dans les décennies suivantes. Toujours promptes à enchaîner les figures lors des fêtes, elles jouent un grand rôle dans la cohésion sociale. Le basket-ball trouve aussi sa place, avec quelques photographies de la SIG (Strasbourg-Illkirch-Graffenstaden) à ses débuts, en 1928, lorsqu'elle s'appelait encore Sportive d'Illkirch-Graffenstaden.
Mais c'est surtout le nombre de débits de boisson qui surprend. Les légions d'ouvriers leur offraient une fidèle clientèle. « Au Cerf, c'était un sacré grabuge, raconte Véronique de Robert. Les bagarres éclataient souvent et finissaient dans l'Ill. » Le restaurant Waldhorn était situé à même le quai, et certains clients venaient de Strasbourg en bateau pour y manger. Les établissements avaient toujours d'autres activités en parallèle. L'un faisait blanchisserie, l'autre tailleur de limes. A l'instar du restaurant Tankstelle, avenue de Strasbourg, certains ont encore pignon sur rue. Beaucoup ont néanmoins fermé pour des raisons sanitaires : « Les toilettes étaient à l'extérieur, ce qui était devenu contraire à la réglementation. » Et se sont transformés : un restaurant se tenait à l'emplacement actuel du Crédit Mutuel. Un autre abrite aujourd'hui un cabinet de radiologie.
Le paternalisme industriel a favorisé l'émergence des sociétés de musique. La SACM en avait une, la Vulcania, devenue harmonie en 1895. Elle avait également sa chorale, aujourd'hui nommée « Chœur de l'Ill ». « L'usine était présente dans la vie quotidienne des gens, explique Véronique de Robert. Y compris dans leur temps libre. » Le curé dirigeait de son côté une fanfare, « l'Union ». « Les gens avaient le sens de la fête, conclut Véronique de Robert. La joie de vivre régnait malgré la difficulté du labeur à l'usine. »
Thomas Porcheron
Illkirch, Belle époque, médiathèque sud, jusqu'au 10 novembre.