24 septembre 2014
Depuis avril 2014, la crèche franco-allemande a ouvert ses portes au Port du Rhin. Les enfants accueillis y découvrent une pédagogie peu connue en Alsace, la pédagogie ouverte.
Des enfants et des éducatrices des deux nationalités sur deux étages: la crèche franco-allemande du Port-du-Rhin accueille les petits de dix mois à trois ans. Trente places sont réservées aux français, et 30 autres aux allemands. Les murs donnant sur la résidence des Deux-Rives et la cité Loucheur sont vitrés, ouverts sur le neuf et l'ancien. Au rez-de-chaussée de cette structure de 1200 mètres carrés, une grande salle accueille une vingtaine d'enfants, la plupart jouent et courent autour de quatre éducatrices assises sur des matelas au sol. « Ici, chacun est présent pour tout le monde », assure la directrice Marie-Madeleine Schwaller, juste avant qu'un enfant ne se mette à pleurer et qu'elle se lève pour s'en occuper.
Ce n'est pas la première crèche franco-allemande de Strasbourg, mais c'est la première en Alsace à être dédiée à la pédagogie ouverte. L'enfant y occupe une place centrale, la journée s'organise selon ses désirs. A rebours des principes appliqués dans les crèches françaises où la journée des enfants est réglée strictement par les adultes, estime Marie-Madeleine Schwaller. La pédagogie ouverte trouve aussi sa limite. « Par exemple, quand un enfant veut manger quatre fois par jour et a déjà un peu de surpoids. Là, il faut que nous disions non. »
La dimension transfrontalière du projet doit se refléter dans chaque facette de l'établissement. La ville de Kehl et la CUS ont ainsi confié la réalisation de cette Maison de la petite enfance à deux architectes, l'un français, Pascale Marion, l'autre l'allemand Ralf Micker. De même, les quatorze éducateurs et éducatrices sont pour moitié français, pour moitié allemands. Et si la directrice est française, car l'immeuble se trouve sur le sol français, son adjointe est allemande, à la demande de la ville de Kehl. « Ici, c'est vraiment la parité stricte en matière de nationalités », précise Marie-Madeleine Schwaller.
Parité stricte sur sol français
La crèche se trouvant sur le territoire français, elle suit la législation du pays. Cependant, les règles allemandes sont également appliquées. Dès lors, la crèche est contrôlée par la PMI (Protection maternelle et infantile) du côté français et la KVJS (association pour la jeunesse et affaires sociales en Bade-Wurtemberg) du côté allemand, mais aussi par les villes de Kehl et de Strasbourg. Les entretiens d'embauche sont menés par la ville de Kehl pour les éducatrices allemandes et la ville de Strasbourg pour les françaises.
Venue d'allemagne, la méthode de la pédagogie ouverte attire surtout les familles françaises et franco-allemandes. En effet, les 30 places strasbourgeoises, réservées pour moitié aux gens du quartier, sont toutes prises depuis l'ouverture de la structure en avril dernier. Et les 30 places kehloises ont surtout séduit des couples franco-allemands - seules trois familles « germano-germaines » ont tenté l'aventure.
S'il reste quelques places côté allemand, la direction de la crèche estime que l'établissement devrait être plein d'ici la fin de l'année - le système allemand autorise les inscriptions en cours d'année. Restera à faire le lien avec le quartier, notamment côté français. Pas toujours facile, surtout quand il est question de pédagogie ouverte et de garde des enfants. En effet, dans la crèche transfrontalière, les enfants vont et viennent comme ils veulent au sein du bâtiment, les éducatrices sont, elles, responsables de zones de la structure. « Au début, les mamans du quartier sont venues nous avertir que les enfants montaient et descendaient tout seul l'escalier. Elles étaient inquiètes. On les a rassurées en expliquant qu'il y a une responsable dédiée aux seuls escaliers », raconte Marie-Madeleine Schwaller. Pas à pas, la symbiose entre la crèche et le quartier progresse.
Anika Maldacker