Plus de trois semaines après l’arrivée du vainqueur Yannick Bestaven, tous les concurrents n’ont pas encore atteint Les Sables-d’Olonne. Dernier de la course, le Finlandais ne se départit pas de sa bonne humeur.
Ari Huusela café à la main devant l'horizon : l'image d'Épinal de son Vendée Globe 2020-2021. © Ari Huusela - Vendée Globe
Ne le cherchez pas chez lui à Helsinki (Finlande), Ari Huusela n’est pas du genre casanier. Au civil, il est dans les airs : pilote de ligne sur les A350 de la compagnie Finnair. Il totalise à ce jour plus de 20 000 heures de vol à travers le globe. Le reste du temps, il est en mer, à la recherche des meilleurs réglages pour son voilier Stark. C’est avec ce dernier qu’il participe depuis trois mois et demi au Vendée Globe, tour du monde solitaire sans escales.
It's TIME The beard must GO‼️#vahvaamyötätuulta @VendeeGlobe @ImocaGS #VG2020 @VendeeGlobeENG pic.twitter.com/rbsQEXSHXS
— Ari Huusela (@arihuusela) February 5, 2021
Ari Huusela est dernier de la course depuis l’abandon de Sébastien Destremeau mi-janvier. Pas de quoi émouvoir cet épicurien, qui répète être "l’homme le plus heureux du monde" sur son bateau de classe Imoca. Sur ses réseaux sociaux, les photos de café (son péché-mignon) prises devant l’horizon sont légion. Il l’avait annoncé avant de s’élancer : son unique objectif est de boucler la boucle. Une déformation professionnelle de son métier de pilote de ligne. "La sécurité est une priorité, glissait-il à IS (en finnois) à l’aube du départ. Terminer en 100 jours serait un rêve, mais ça ne me dérange pas de prendre 120 jours." Son arrivée est prévue début mars, après 115 jours de course.
Un budget modeste, une équipe minime
Quand des favoris se sont brulé les ailes*, le Finlandais économise son bateau. Il reste sur un rythme de croisière, à 60% des capacités de sa monture. À l’arrivée, il compte bien la revendre et évite les risques inutiles. Pour le moment, la mission est réussie. Aucune grosse casse n’est à déplorer, même si le passage au Cap Horn a été mouvementé. Cette prudence est aussi motivée par la modestie de son budget (1,5 million d’euros), bien loin de celui de Charlie Dalin, premier sur la ligne** (environ 10 millions d’euros). Sur terre, l’équipe du Finlandais se limite à ses proches et à des bénévoles. Surtout, son embarcation a déjà bien vécu et réalisé trois tours du monde.
Ari Huusela a été le dernier à quitter le ponton de départ début novembre. Il devrait aussi être le dernier à revenir aux Sables-d'Olonne. © Jean-Louis Carli - Alea
Pour Ari Huusela, l’objectif s’étend au-delà de sa propre personne. Il est le premier nordique à participer à l’"Everest des mers", et à médiatiser par conséquent la course dans les hautes latitudes. Les sollicitations se multiplient, signe de l’intérêt croissant qu’y suscite son expérience. Ils étaient plusieurs centaines à suivre son départ d’Helsinki pour l’ouest de la France depuis les pontons. Ils devraient être bien plus à suivre à distance son retour dans une dizaine de jours. Ce Vendée 2020-2021, consécration de 20 ans de préparation, devrait pourtant rester son seul. Il ne se voit pas repartir : la course est trop exigeante de son propre aveu. "Une fois arrivé, je me sentirais en paix", confie-t-il à Ouest-France. Retour à la normalité… dans le cockpit.
*Abandons d’Alex Thompson et de Kévin Escoffier, réparations aux Sables pour Jérémie Beyou.
**Classé finalement 2e, Yannick Bestaven ayant bénéficié d’une compensation sur son temps final pour avoir porté secours à Kévin Escoffier.
Arthur Massot