Cette saison, la fédération d’athlétisme du Grand Est a enregistré une baisse record de licenciés. Une situation dramatique causée par les mesures sanitaires et qui pèse sur les budgets des clubs.
"Je me demande combien de temps encore on va tenir avant que tout s’effondre." Albert Koffler, président du club de Lingolsheim et du comité départemental d’athlétisme du Bas-Rhin et il y a de quoi être inquiet. Cette saison, les clubs du Grand Est ont enregistré environ 6000 inscriptions en moins, une baisse de 24% de licenciés par rapport à l’année dernière. "C’est historique, mais on est loin d’être le sport le plus touché par la crise", tente de tempérer Jean-Pierre Deloy, président de la fédération d’athlétisme du Grand Est.
Plus aucun intérêt
Si toutes les catégories d’âge sont concernées, "c’est surtout les seniors qui sont partis vu que les entraînements après 18h ne sont plus possibles à cause du couvre-feu", explique Nadine Renaudot, secrétaire du secteur athlétisme à l’ASPTT de Strasbourg. Les clubs tentent quand même de maintenir les entraînements en organisant des séances le week-end, même si cette solution est loin de convenir à tout le monde. Pour Nadine, l’annulation des compétitions a porté le coup fatal : "Aujourd’hui, il n’y plus aucun intérêt pour les pratiquants de prendre une licence."
Albert Koffler ne comprend pas le maintien de certaines mesures sanitaires pour l’athlétisme. "C’est scandaleux. On nous empêche d’organiser des compétitions d’un sport sans contact en plein air alors que dans le même temps les magasins restent ouverts." Le président du club de Lingolsheim ne cache pas son inquiétude, "beaucoup de clubs vont subir une perte importante de budget". Une amputation qui risque de sérieusement limiter les capacités des clubs pour les années à venir. Au niveau de la fédération régionale, Jean-Pierre Deloy estime les pertes à 200 000 euros. "Le risque, c’est de devoir se séparer de certains salariés de la fédération."
Sauver les meubles
Face à cette situation inédite, Nadine Renaudot se veut rassurante : "Les licenciés reviendront l’année prochaine quand la crise sera passée." Moins optimiste, Albert Koffler pense que plus le temps passe, plus les gens s’éloignent de l’athlétisme. "Ça va être compliqué de récupérer ces licenciés partis." Pour relancer la pratique, la fédération régionale réfléchit à créer de nouvelles compétitions à l’image de cet ultra trail à travers le Grand Est. L’objectif : convaincre les anciens licenciés de revenir et attirer de nouveaux pratiquants.
Eiman Cazé