13 mars 2012
Les propos de Nicolas Sarkozy sur une possible remise en cause de la libre circulation dans l’Union Européenne, ont provoqué mardi une vive polémique au Parlement européen de Strasbourg. Certains députés européens ont évoqué l'ombre de l'extrême droite planant sur la présidentielle française deux jours après le meeting de Villepinte, lors duquel Nicolas Sarkozy a brandie la menace que la France quitte l’espace Schengen si il était réélu.
« Dire que les immigrés sont trop nombreux, s’attaquer au hallal, s’attaquer aux partenaires européens. Un président français en exercice qui utilise ce langage, on n’a jamais vu ça ! Je me demande qui est en fait le candidat de l’extrême droite entre Le Pen et Sarkozy ? », s’est exclamé Guy Verhofstadt, président du groupe de l’Alliance des Démocrates et Libéraux pour l’Europe (ALDE).
« La déclaration de Nicolas Sarkozy m’a choqué ! Devons nous reprendre notre passeport pour venir à Strasbourg ? Nous demandons à Sarkozy, à la vue de son échec annoncé à l’élection présidentielle, de ne pas tomber dans le nationalisme », a tonné Hannes Swoboda, président du groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates (SD), en brandissant son passeport sous les applaudissements de l’hémicycle.
Les députés européens issus de l'UMP se sont insurgés face à la virulence de ces attaques, « Savez-vous comment fonctionne la frontière entre la Grèce et la Turquie ? » s'est exclamé Jean Pierre Audy, député européen français du PPE, en écho aux problèmes que rencontre la Grèce pour maîtriser l'immigration. Nous sommes favorables à une réforme de Schengen, a répliqué Hannes Swoboda, mais les socialistes européens s'opposent à toute régression de la liberté de circulation.
Daniel Cohn Bendit, Président du groupe les Verts/ Alliance Libre européenne, a estimé que les déclarations du président français s'inscrivaient dans la ligne des « des provocations idiotes » contre la Turquie, faisant référence à un vote du Parlement français sur le génocide arménien.
Dernier à s'exprimer sur le sujet, Martin Callanan, député du groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (CRE), a opté pour l'ironie, en donnant raison à Nicolas Sarkozy. « Chaque mois 700 députés sont obligés de venir en France (pour participer à la session parlementaire à Strasbourg-ndlr) ce dont ils aimeraient volontiers se passer. »
Geoffrey LIVOLSI