13 mars 2012
Nicolas Sarkozy en première ligne
Daniel Cohn-Bendit, co-président des Verts/ALE, s'en est vivement pris aux déclarations du président-candidat Nicolas Sarkozy au meeting de Villepinte. Le qualifiant ironiquement de "génie européen", il a pointé un "discours dangereux" qui pousse à la "re-nationalisation de l'espace Schengen". Avant de conclure : "Sarko, revois ta copie !".
"M.Sarkozy exprime des positions qui mettent l'Europe en danger", a déclaré de son côté Hannes Swoboda (S&D). "Geler l'espace Schengen : il y a un autre moyen de gérer l'immigration. C'est une bataille pour l'Union européenne qui s'engage", a encore affirmé le président des sociaux-démocrates, en indiquant que le S&D était engagé dans la défense de l'Union.
Guy Verhofstadt (ADLE), s'est dit, lui, "choqué par ce que M.Sarkozy essaie de faire. Stigmatiser les immigrés, c'est une tentative de gagner quelques points dans cette campagne électorale." Le président de l'Alliance des Démocrates et Libéraux pour l'Europe a répété la formule utilisée en séance plénière le même matin : "Quand j'entends de tels propos sur l'immigration ou l'espace Schengen, je ne sais plus s'il est candidat du FN ou de l'UMP !".
Le président du PPE, Joseph Daul, a quant à lui tenté de calmer le jeu en déclarant : "sur le dossier Schengen, certaines choses ne fonctionnent pas". M. Daul a néanmoins refusé de "monter l'affaire (de Villepinte) en épingle", et s'en remet à la Commission européenne et au travail de Cecilia Malmström, la Commissaire chargée des affaires intérieures.
Mark Rutte sur la sellette
Les présidents de groupe se sont exprimés sur la création du site internet du PVV (Parti de la Liberté) de Geert Wilders, leader de l'extrême droite néerlandaise qualifié de "populiste et xénophobe". Ce site a fait scandale en proposant aux citoyens néerlandais de dénoncer les ressortissants d'Europe centrale et orientale qui seraient "la cause" de leur licenciement.
Pour l'Alsacien Joseph Daul (PPE), il faut "agir immédiatement" : le Parlement européen doit condamner ce site pour des raisons morales évidentes". Le PPE, qui juge ce site "inacceptable", attend du Premier ministre libéral néerlandais qu'il condamne le PVV. Mark Rutte avait refusé de prendre position sur l'initiative du parti d'extrême droite.
Évoquant un site "horrible", Hannes Swoboda (S&D) a quant à lui déploré "que le centre-droit de ce parlement soit de plus en plus tolérant vis à vis d'anti-européens".
Rebecca Harms, co-présidente des Verts/ALE a pointé "un problème de responsabilité politique" du gouvernement néerlandais de Mark Rutte, dont fait partie le PVV.
Vladimir Poutine contesté
L'ancien premier ministre de Vladimir Poutine et désormais leader du principal parti d'opposition, Mikhail Kasyanov, et le représentant d'une coalition opposée au nouveau président, le champion d'échec Garry Kasparov, ont témoigné des récentes manifestations à Moscou. Invités par Guy Verhofstadt (ADLE), ils ont dénoncé un scrutin truqué, ne reconnaissant aucune légitimité à la Douma (Parlement russe) ni au gouvernement actuel. L'ADLE réclame de nouvelles élections : "Nous reviendrons à la charge systématiquement sur cette question", a déclaré Guy Verhofstadt, rappelant que la Russie est membre du Conseil de l'Europe et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).
Enfin, le président du S&D, Hannes Swoboda s'est dit "très heureux que les autres groupes parlementaires soient d'accord pour envoyer un message de soutien aux partisans de la démocratie en Russie", en réaffirmant le rôle du Parlement européen dans les négociations. Il devrait se rendre à Moscou au début de la semaine prochaine.
Clément Lacaton, Baptiste Cogitore