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Un nouveau plan industriel pour contrer les Américains


17 février 2023

Après la retentissante loi américaine contre l'inflation, l'Union européenne riposte avec son projet pour soutenir les entreprises vertes. Une course à l’attractivité à l’industrie décarbonée entre les Etats-Unis et l’Union européenne est lancée.

I.R.A. Ce sont les trois lettres qui font trembler l'Europe. En août 2022, les États-Unis annoncent l'Inflaction Reduction Act. Un texte qui vise à réduire les effets de l'inflation en soutenant sur une période de 10 ans les technologies propres sur le sol américain, grâce à une enveloppe d’environ 370 milliards de dollars. 

Cette loi défie l’Union Européenne en offrant des subventions très attractives pour les entreprises s’installant sur le sol américain. Le vieux continent craint de voir les entreprises s’exiler aux Etats-Unis. “L’IRA est un cauchemar pour toute personne de ce côté de l’Atlantique”, s’alarme l’eurodéputé allemand Martin Schirdewan (GUE/NGL, extrême-gauche).

Ce mercredi, les eurodéputés se sont interrogés sur la riposte à cette loi américaine. Un texte est déjà sur la table : le plan industriel vert présenté par la Commission le 1er février.

Le plan industriel s'insère dans le pacte vert ayant pour objectif zéro émission de gaz à effet de serre pour 2050 © Image d'illustration de Midjourney (programme d'intelligence artificielle)

La présidente espagnole du groupe S&D (sociaux-démocrates) Iratxe García Pérez l’affirme : "L'objectif principal de ce plan industriel est de concurrencer les États-Unis".

Le "Green Deal Industrial Plan"

Grâce à ce plan, les Etats membres auront le droit de financer directement des entreprises privées qui respectent leurs engagements sur la neutralité carbone et participent à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030. La formation de nouveaux métiers "verts" est aussi un point important. Ce plan prévoit la création de 800 000 nouveaux emplois au sein de l'Union européenne, dans le secteur des batteries d'ici 2025.

L'idée est aussi d'investir dans la recherche et le développement des innovations vertes. “Il faut que les technologies propres progressent plus rapidement sur le marché”, explique Mairead McGuinness, la Commissaire européenne aux services financiers. Un appel d’offres est prévu pour octobre 2023. Les gagnants recevront une prime fixe pour chaque kilo d'hydrogène renouvelable produit sur une période de 10 ans.

Les points noirs du plan vert

Mais tout n'est pas vert dans ce plan. Selon des économistes, il risque de créer des déséquilibres au sein même du marché européen.  "Si vous autorisez les Etats membres à encore plus subventionner les entreprises dès lors que c'est un investissement vert, les seuls qui en auront la capacité sont les Etats riches comme la France, l'Allemagne, les Pays Bas", affirme Sarah Guillou de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Elle pointe du doigt les différences structurelles entre les Etats-Unis et l’Europe.  “Que voulez-vous faire contre un pays intégré au budget conséquent, avec une Europe qui est une somme d'États membres, et tout ce que ça comprend, de positif mais aussi de négatif ?" 

Et doute de la production d'hydrogène vert à l'échelle industrielle. À ce jour, cette technologie n'est qu'à un stade expérimental en Europe et ne permet pas de garantir l'avenir du plan. “C'est un signal pour rassurer les entreprises, il aligne juste des euros face à des dollars. LU.E devrait avoir le courage politique de répondre sur une temporalité plus longue.

Le financement : point d’interrogation

Surtout, la question de son financement reste la principale inconnue. Ursula von der Leyen a annoncé comme solution un nouvel outil financier, Le Fond Souverain européen (FSE). Il instaure une caisse commune à tous les Etats membres. Mais son montant est toujours à définir...

En attendant, le plan industriel pour le pacte vert va devoir se contenter du reste des fonds non utilisés de InvestEU, NextGernerationEU et des prêts de la Facilité pour la reprise et la résilience (FRR).

Anis Boukerna et Loïc Germain.

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