Quatre ans après l’annonce du projet, les travaux du contournement cyclable du centre-ville se précisent enfin avec un démarrage en novembre 2024. La Ville de Strasbourg, qui a dévoilé le calendrier des opérations ce mercredi 25 septembre, a tenté de satisfaire tous les usagers.
À l’exception des riverains, certains quais seront entièrement piétonniers. Photo : Visuel Eurométropole
“Le ring sera fini pour les élections municipales en 2026, on s’y tiendra”, assure Sophie Dupressoir, conseillère municipale déléguée à la ville marchable et cyclable. Piétons, cyclistes, automobilistes ou simples citadins étaient conviés hier à une réunion publique pour discuter du “ring”, le contournement de la Grande Île pour les vélos. Ce nouveau circuit aménagé de 3,9 kilomètres devrait coûter 7 millions d’euros, avec un objectif : limiter les conflits d’usage entre citoyens à pied ou à vélo. La mise en route des opérations se fera dès novembre. 500 arceaux doivent être implantés, des rues végétalisées et parfois piétonnisées, des trottoirs élargis et du marquage peint au sol.
Le chantier se concentrera d’abord sur le déplacement de certaines conduites d’eau et divers travaux sous terrain, avant de s’attaquer aux quais Schoepflin, Lezay Marnesia et Sainte Attale. Hugues, 59 ans, a découvert le projet de “ring” grâce à une affiche dans la rue. Habitant du quai Schoepflin, il se déplace le plus souvent en marchant, mais utilise de temps en temps sa voiture “pour les choses lourdes ou pour conduire mes parents âgés”. Inquiet, il observe avec attention sa rue sur le plan dessiné. “Je vois qu’il y a toujours une petite auto, donc je suis plutôt rassuré.” L’accès à ces trois tronçons sera bien fermé aux voitures, à l’exception des riverains et des services publics. Ces aménagements légers qui ne nécessitent pas de gros travaux seront prêts d’ici début 2025.
Les opérations au nord-est de la Grande Île présentées à la réunion publique. Photo : Visuel Eurométropole
Si le projet froisse encore quelques réfractaires, Alain Jund, le vice-président de l’Eurométropole, tient à prendre de la hauteur. “En 2013, la transformation de la rue de la Brigade Alsace-Lorraine (trottoirs de cinq mètres de large, piste cyclable de 3,50 mètres et voitures en sens unique, ndlr), avait suscité beaucoup de débats. Après, on se rend compte que tout le monde est gagnant”, conclut l’élu.
Objectif 20 % de déplacements à vélo
Les habitants de l’Eurométropole sont invités, depuis 2022, à donner leur avis sur le “ring” par le biais de déambulations, d’un forum qui a réuni une centaine de participants, d’ateliers, de permanences et de réunions publiques. Des modifications ont été apportées au contournement, par exemple, sur les ponts couverts. Patrimoine protégé, les pavés ne peuvent pas être remplacés pour améliorer la circulation des cyclistes. Un tracé complémentaire sera donc proposé via le pont des Frères Matthis.
La conseillère municipale Sophie Dupressoir voit aboutir un projet qu’elle a porté pendant quatre ans : “Ce ring symbolise le partage de l’espace public, avec plus de place pour les modes de déplacements actifs, dit-elle à Webex. Il faut planter les graines d’une ville du 21e siècle soumise à des défis climatiques.”Avec ce “ring” et le plan vélo 2021-2026, l’Eurométropole entend répondre à un objectif de 20 % de déplacements à vélo d’ici à 2030.
Un projet qui fait débat entre les cyclistes
C’est justement cet argument du dérèglement climatique qui pousse Dimitri à critiquer le projet : “Je trouve ça pas assez ambitieux dans une ville où la mobilité douce est censée être pour demain. Avec les piétons, on est encore la cinquième roue du carrosse.” Ce père de famille déplore la présence des voitures et des bus qui pourront toujours circuler dans la rue Sengenwald. Les quatre mètres de large de la piste cyclable à double sens ne seraient également pas assez importants, malgré l’élargissement prévu des trottoirs.
Une position radicale que Luca Radic, étudiant en géographie et membre de l’association Strasbourg À Vélo, relativise. “Je réfléchis aussi aux autres acteurs. Au niveau psychologique, il ne peut pas y avoir de changement trop important, explique-t-il. Avoir des vélos cargos partout comme à Amsterdam me semble assez utopique. Mais d’ici à 20 ans, il y aura beaucoup plus de cyclistes et on aura peut-être quatre mètres de piste par sens de circulation”. Très enthousiaste par rapport au “ring”, il attend que les premiers travaux débutent fin automne.
Reste encore un élèment à trancher : le nom définitif du projet. La connotation péjorative du mot “ring” a été mise en avant lors des consultations publiques. Sur des post-its, les participants ont pu proposer hier des idées de noms. Ring dring, la grande roue, la ceinture, V’Ellipse, la boucle verte… qui sera l’heureux élu ?
Lucie Campoy
Édité par Fanny Lardillier