A Strasbourg, depuis lundi, la quasi totalité des agents de stationnement est en grève, deux heures par jour. Ils demandent l'augmentation d'une prime annuelle et la reconnaissance des difficultés de leur métier.
Le nombre de places payantes a pratiquement été doublé à Strasbourg (Photo : Frank-André Rauschendorf - CUEJ).
Depuis lundi 6 février, 80% des agents de stationnement réclament la revalorisation d'une prime annuelle de 100 euros. Mais Francis Corpart, le directeur des ressources humaines de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS), l'affirme : « la Ville n'acceptera pas cette demande. Aujourd'hui, les agents de stationnement reçoivent déjà en moyenne 100 euros de plus que les employés de la Ville appartenant à la même catégorie salariale, la catégorie C. C'est déjà pas mal. Nous ne pouvons pas faire plus. »
Des conditions de travail plus difficile
Le 1er août dernier, l'amende est passée de 11 à 17 euros, ce qui a mécontenté beaucoup d'automobilistes. Giovanni est agent de stationnement depuis un an. Il s'est fait agressé lundi : « un auomobiliste mal garé m'a attrapé à la gorge. Heureusement, mon collègue est intervenu à temps. J'ai porté plainte mais je ne me sens plus rassuré quand je dois aller travailler ».
« De plus en plus de gens nous alpaguent dans la rue. Plus que de l'argent, c'est la reconnaissance, par la Ville, de la difficulté de notre métier que nous voulons », raconte Michel*, agent de stationnement. Une reconnaissance que ne leur refuse pas Robert Hermann, vice-président de la CUS chargé de la gestion du pesonnel. Lundi matin, il a souligné le travail « peu valorisant » que font les agents de stationnement. Un terme expliqué par Francis Corpart : « Nous sommes conscients qu'il s'agit d'un travail répétitif et fatigant. C'est pourquoi nous nous efforçons de renforcer leur mobilité : un agent n'est pas obligé de contrôler le stationnement toute sa vie. »
Le choix de la qualité
En 2008, les agents de la capitale alsacienne s'étaient mis en grève pendant quatre jours. Ils exigeaient une prime annuelle. La Ville leur a accordé 480 euros chacun. Cette prime est personnelle. Elle est variable en fonction du nombre de contraventions contestées par les automobilistes.
Aujourd'hui, l'intersyndicale CGT-FO-SUD dénonce ce fonctionnement. Elle exige que cette prime soit revalorisée de 100 euros et qu'elle soit identique pour tous les agents de la Ville. Selon Bertrand Blindauer, responsable de la CGT-CUS, « la qualité du travail des agents n'a rien à voir avec le nombre de PV qu'ils peuvent distribuer ». C'est pourtant bien de qualité qu'il s'agit puisque le taux de recours peut faire baisser la prime.
Verbaliser plus pour gagner plus
Bertrand Blindauer évoque par ailleurs « une politique du chiffre qui ne veut pas dire son nom ». Lors de leur entretien annuel de progrès, les agents s'entretiennent individuellement avec le chef du service stationnement de la Ville, qui fait un bilan de leur production annuelle de contraventions. Pas de sanction financière, mais « une pression psychologique » et des statistiques individualisées que dénoncent les syndicats. Pour Francis Corpart, « cette soi-disant politique du chiffre n'existe pas ici. Nous vérifions leur travail comme cela se fait partout. Leur mission principale est le contrôle du stationnement. La verbalisation vient après, si l'automobiliste est en infraction. »
En trois ans, le nombre de places de stationnement à Strasbourg est passé de 7000 à 13500, mais des embauches ont eu lieu. Aujourd'hui, ils sont environ 70 à contrôler, chacun, 200 places.
Lundi matin, une première réunion de négociation entre Robert Hermann et les syndicats a eu lieu. Sans succès. Le premier adjoint de la municipalité a refusé aux agents de stationnement l'augmentation de la prime, évoquant le manque d'argent dans les caisses de la Ville. Si aucun accord n'est trouvé, l'intersyndicale met déjà en garde : d'autres préavis seront déposés pour les semaines à venir.
Frank-André Rauschendorf et Clara Lecocq Reale
* Le prénom a été modifié.