À moins de quatre mois de la présidentielle, Angela Merkel a témoigné son soutien politique à Nicolas Sarkozy. Dans le même temps, elle a éludé la demande de rencontre de François Hollande.
« Si nous réussissons à l'emporter dans nos pays respectifs, c'est le cœur de l'Europe qui va s'en trouver modifié », déclarait François Hollande devant les militants socialistes allemands réunis à Berlin pour le congrès du SPD le 5 décembre 2011. L'annonce était claire, partisane et honnête. Trop peut-être. Aujourd'hui, celle-ci semble restée en travers de la gorge de la Chancelière allemande. Lundi soir au cours d'une interview conjointe sur France 2 et la chaîne allemande ZDF, Angela Merkel a expliqué qu’elle ne recevra pas rapidement François Hollande. «Rien n’est encore décidé. Les chefs d’État ont des choses plus importantes à régler», a-t-elle répondu.
Cette déclaration est tombée comme une réponse à la demande formulée par François Hollande de rencontrer la chef du gouvernement allemand. Une requête restée lettre morte et qui donne lieu à des réactions au Parti socialiste. Jean-Marc Ayrault, conseiller spécial du candidat socialiste a confirmé ce mardi matin sur l'antenne de RTL que « François Hollande a demandé à être reçu par la Chancelière allemande », soulignant que celle-ci « n'a pas pris de décision ». Le président du groupe socialiste à l'Assemblée a rappelé qu'en cas de victoire, François Hollande réservera à l'Allemagne son premier déplacement à l'étranger.
"Je n'ai besoin du soutien de personne d'autres"
Pierre Moscovici s'est quant à lui exprimé ce mardi sur France Inter. « L'amitié franco-allemande est un bien commun qui ne doit pas être abîmé par des amitiés partisanes », a-t-il déclaré soulignant que « les meilleurs couples franco-allemands ont été des couples dépareillés ». Le directeur de campagne du candidat socialiste a assuré « qu'il ne sera pas difficile pour François Hollande de travailler avec Angela Merkel. »
Dans l'émission Club LCI ce mardi, l'ancienne candidate à la présidentielle 2007 Ségolène Royal demande à Angela Merkel de recevoir celui qui « sera peut-être président de la république ».
Une polémique dont François Hollande veut paraître éloigné. «Mon seul critère, c'est le peuple français. Je n'ai besoin du soutien de personne d'autre», avait-il déclaré lundi à Dijon (Côte d'or) alors qu'Angela Merkel était à Paris pour le Conseil des ministres franco-allemand. «Si madame Merkel veut faire campagne pour M. Sarkozy, elle en a parfaitement le droit, c'est sa liberté (...) C'est même une tâche rude qu'elle se donne car ça ne sera pas facile de convaincre les Français», avait-t-il plaisanté.
Marion Kremp