Le réalisateur de l'absurde revient avec un film encore plus barré ce mercredi 7 février : Daaaaaali. Un film qui montre les différentes facettes d’un peintre rempli de folie. Alors, stop ou encore ?
« Quentin Dupieux ? Encore ? Le mec ne s’arrête jamais ! » peut-on entendre dans les salles obscures lors du passage de la bande-annonce de son dernier film Daaaaaali (avec six « a » pour ses six acteurs, même s’ils étaient plus nombreux au départ). Et forcément, on s’est posé la question de savoir si, oui ou non, Quentin Dupieux, alias Mr.Oizo pour les aficionados de French Touch, n’est pas en train de tourner en rond. Six mois après la sortie du succès Yannick (avec l’étoile montante du cinéma français, Raphaël Quenard, qui semble toujours enrhumé), le réalisateur est de retour au cinéma. Il présente ce mercredi 7 février son 12e long-métrage.
Une toute jeune journaliste, interprétée par Anaïs Demoustier, a pour ambition de faire un documentaire sur le maître absolu du surréalisme : Salvador Dali. Sous la houlette d’un producteur un peu « connard », elle va tenter d’interviewer un peintre complètement fou, qui se décline en six personnalités. Dans cette succession de tableaux, Edouard Bear et Jonathan Cohen sortent du lot. On oublie presque que Dali était avant tout un artiste et on s'intéresse uniquement à la personnalité, l'extravagance et les travers d’un artiste aux moustaches bien soignées. Un point bonus est donné à Thomas Bangalter (qui n’est autre qu’un des Daft Punk) qui réalise la bande-son du long-métrage.
Fou ou génie ?
Mais voilà, après un magnifique Yannick - où le fameux personnage du même prénom monte sur scène pour donner sa version de la pièce - il est forcément compliqué de faire mieux ou même aussi bien. Avec Daaaaaali, on tend inlassablement vers l’absurde, ne sachant plus quand rire mais en étant persuadé qu’on est en train de vivre un film complètement barré. Ce n’est pas un biopic, puisqu'aucun code du genre n’y est représenté, mais plutôt une célébration du maître du surréalisme comme on ne l’a pas ou jamais vu auparavant dans le cinéma, hormis dans des documentaires qui retracent son parcours. Et rien que pour ça, bravo Dupieux !
Impossible de parler de l’homme de jean vêtu, (peut-être pour faire référence à la pub Levi’s qu’il a réalisé à la fin des années 90), carrément hipster, sans parler de son style cinématographique. Un style unique, rempli d’absurdité, inspiré de l’univers onirique de Luis Bunuel et l’écriture de Bertrand Blier. Quentin Dupieux est aujourd’hui le seul à pouvoir réaliser un film sur un pneu serial killer dans Rubber, conter l’histoire d’une mouche géante dans Mandibules ou imaginer un long-métrage sur une veste en daim qui fait que dès qu’on la porte, on tue des gens dans Le Daim. On se demande alors si Quentin Dupieux est juste complètement fou ou si c’est un génie absolu.
Un réalisateur versatile
Toujours est-il que le fils du garagiste de Laurent Garnier, le chouchou des DJ français, ne fait jamais rien comme tout le monde. Son cinéma est un cinéma où un truc déconne toujours et c’est sûrement pour ça qu’on l’adore ou qu’on le déteste. Chez lui, un dialogue se crée entre fiction et réalité. Même s’il puise ses références partout, d’Orange Mécanique aux Power Rangers (forceeeeee bleueeeee), ce qui caractérise la « Dupieux touch » est son renouvellement permanent. Du teen-movie dans Steak, au serial-killer en chair et en daim ou en caoutchouc, du buddy-movie dans Mandibules, jusqu’au polar à l’ancienne dans Au poste! : il aborde tous les genres.
Il faut dire aussi que le mec est présent sur tous les fronts (scénariste, chef opérateur, monteur, réalisateur et parfois compositeur) tout en restant fidèle à son côté artisanal, presque amateur mais totalement maîtrisé. Le scénario ? Volontairement simpliste, avec plein d’onomatopées. Les effets spéciaux ? Fait maison. Le son ? Facile pour un mec bien installé dans le monde de l’électro à côté des Daft Punk. Malgré une écriture serrée qu’il s’impose (comptez 1h17 pour Daaaaaali) qui ne l’empêche pas d’être hyper créatif. Peut-être un chouïa trop. On risque de nous perdre en chemin. Mais c'est aussi ça Dali, pardon… Dupieux.
Azilis Briend
Édité par Eva Pontecaille