Avec les températures glaciales, de nombreux ouvriers du bâtiment et des travaux publics se retrouvent au chômage technique. Les congés intempéries-BTP leur permettent de continuer à être rémunérés.
Avec l'hiver, le mercure chute et les ouvriers du BTP qui travaillent sur des chantiers non-chauffés rentrent chez eux. C'est la loi. Les entreprises ne peuvent obliger leurs salariés à travailler, d'une part pour des raisons de sécurité et d'autre part car bien des travaux ne peuvent être réalisés. “Dès que l'on utilise de l'eau, on sait que la réaction chimique ne va pas pouvoir se faire car l'eau gèle“, explique André Grassewill, directeur d'exploitation chez Vinci Construction France à Illkirch-Graffenstaden. “On ne peut donc pas bétonner car le béton aussi va geler. On ne peut pas faire d'enduits, de crépis...“
Pour faire face à ce genre de situations et éviter les éventuelles pénalités de retard qui découleraient d'une longue période de grand froid, les entreprises prennent systématiquement les devants. “Il est toujours mentionné dans nos conditions de vente qu'en cas d'intempéries, certains travaux ne peuvent pas être accomplis, été comme hiver“, détaille Maria-Chantal Pires, secrétaire de la SARL Claude Kelhetter.
En ce qui concerne les salariés, un système de protection a lui aussi été mis en place pour éviter que les très basses températures ne refroidissent trop leurs portes-monnaies. En 1947, un régime d'indemnisation du chômage pour cause d'intempéries a ainsi vu le jour : les entreprises dont la masse salariale annuelle est supérieure à 70 884 € cotisent mensuellement auprès des caisses congés intempéries-BTP qui leurs reversent ensuite de l'argent pour indemniser leurs employés. Les plus petites entreprises ne participent pas mais bénéficient d'exonérations de charges.
Avec cette mesure limitée à 55 jours par an, tous les salariés contraints de rentrer chez eux touchent 75% de leur salaire horaire. Cette somme n'étant pas soumise aux charges, elle équivaut finalement à leur salaire net habituel. “C'est sûr que c'est souvent une bonne nouvelle quand il fait froid car on est payés et on peut en profiter à la maison, apprécie Tony Fritsch, maçon de la SARL Claude Kelhetter. Mais, pour moi, quand j'entends que le grand froid arrive, je ne sais pas ce que je vais faire le lendemain.“ Employé dans une entreprise qui compte aussi d'autres corps de métiers, Tony Fritsch sera envoyé demain dans une chaufferie pour aider ses collègues à de la démolition. Assurément là-bas, il ne fera pas froid.
Thibaut Gagnepain
crédit photo d'appel: flickr/Etolane