15 octobre 2013
Plus de 1200 élèves supplémentaires arriveront bientôt à la Robertsau. La future école européenne, dont les travaux viennent de débuter, ouvrira à la rentrée 2015. Elle va augmenter de moitié ses effectifs et une forte hausse d'enfants admis sur dossier est attendue. Après avoir dû refuser du monde ces dernières années, l'école espère subir moins de pression du côté des admissions.
Dans moins de deux ans, l'immense terrain vague situé 2 route de la Wantzenau accueillera la future élite européenne. Installée depuis 2008 dans des locaux provisoires boulevard d'Anvers, l'école européenne de Strasbourg va s'agrandir, et pas uniquement au niveau spatial. Plus de 1200 étudiants, de la maternelle à la terminale, pourront profiter des nouvelles installations en 2015, contre 830 actuellement.
Et, avec cette hausse, la question des admissions est aujourd'hui posée. Si l'équilibre est actuellement de mise (un peu plus de 50 % des élèves sont des enfants de fonctionnaires des institutions européennes ; l'autre moitié est sélectionnée selon des critères précis), ce ratio va changer et un appel d'air va se créer pour les seconds. "La pression sera moins forte", explique Daniel Gassner, directeur depuis 2012. Et cette pression, c'est celle des parents non-fonctionnaires ayant vu la candidature de leurs enfants refusées, faute de places. Publique (car gérée par l'Education nationale) et donc gratuite, l'école ne manque pas de candidats. "Toute famille strasbourgeoise peut demander à intégrer notre institut", rappelle d'ailleurs fièrement son directeur.
« Nous ne sommes pas un ghetto doré »
Mais les critères d'admission, qui servent à départager les élèves, donnent priorité aux fratries déjà présentes dans l'école, et aux familles travaillant à l'international. Et aucun changement n'est, pour l'instant, prévu avec le nouveau site. Les enfants de fonctionnaires européens sont, quand à eux, admis de droit. Les accusations de ségrégation sociale ne sont pas rares, et son directeur y répond vertement : "C'est un fantasme. Nous ne sommes pas un ghetto doré, c'est une absurdité totale de dire ça !".
Au sein même des institutions, on s'est ému de la situation concernant les admissions. L'Amicale du personnel du Conseil de l'Europe a adressée l'année dernière une lettre à Roland Ries, président de l'Eurodistrict, pour l'alerter à propos du nombre d'élèves laissés sur le carreau. En 2011, plus de 250 élèves auraient été refusés selon eux, 217 en 2012. Une situation due à la capacité d'accueil limitée des locaux provisoires, partagées avec le Collège Vauban, d'après le directeur. L'Amicale demandait également dans cette lettre un redimensionnement à la hausse du futur site. "1200 places, c'est un équilibre à trouver, mais c'est une taille ordinaire de lycée à Strasbourg. On est déjà une des plus grandes écoles européennes agrées avec nos 800 places", se défend Daniel Gassner.
Près de 40 millions d'euros d'investissement public
Le dévoilement du montant de l'école a suscité un début de polémique, qui n'aurait pas lieu d'être selon Daniel Gassner. A titre d'exemple, la construction du lycée Marcel Rudloff a coûté près de 28 millions d'euros. Le directeur cite, quand à lui, la nouvelle école européenne au Luxembourg à "240 millions d'euros. Dès l'ouverture en 2008, on savait que l'on était sur du provisoire", dit-il. Il plaide également pour le projet en le présentant comme un argument pour conserver Strasbourg sur la carte de l'Europe. "Nous sommes la seule école en France avec cet enseignement supra-national. Et la Ville l'a voulue pour la défense de Strasbourg comme capitale européenne", ajoute-t-il.
La construction de l'école coûtera 34,1 millions d'euros, financée à moitié par la Ville de Strasbourg. La Communauté urbaine prend en charge les travaux de voirie nécessaires à la desserte du site, soit 3 millions d'euros supplémentaires. Le Conseil Général et la Région font également partie du financement. Quant à l'Europe, principale concernée par le projet, elle continuera, comme aujourd'hui, à verser une subvention, via la Commission européenne, pour chaque élève issu d'une famille de fonctionnaires européens. On estime qu'environ deux tiers d'entre eux habitent aujourd'hui à la Robertsau.
François Delencre