Ce mardi matin, Zeki Karahancer, l'ancien gérant de la société Alsace Oeuf comparaissait pour cruauté et abandon d'animaux domestiques devant le Tribunal correctionnel de Strasbourg. Un an de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende ont été requis par le procureur. La défense a demandé la relaxe.
En novembre 2010, des milliers de poules mortes et agonisantes étaient découvertes par les autorités sur l'élevage de Kingersheim, l'un des plus importants de l'est de la France. 35.000 cadavres avaient été évacués et le reste des volailles conduites à l'abattoir. Les poules étaient privées de nourriture et de soins depuis plusieurs semaines. Des riverains excédés par les odeurs et par l'invasion de mouches avaient donnés l'alerte.
L'ancien gérant de l'élevage agé de 43 ans s'est défendu en invoquant d'importantes difficultés économiques. Suite à un conflit avec le fournisseur de nourriture, l'exploitation n'était plus livrée et donc dans l'impossibilité d'alimenter les 200 000 poules de l'élevage. « Comment trouver brusquement une société capable de livrer 100 tonnes de nourriture par jour ? » questionne son avocat Dominique Riegel avant d'affirmer « c'est matériellement impossible! »
« Le problème c'est que sans nourriture les poules ne pondent pas. Nous n'avions pas d'oeufs à vendre et donc plus de rentrées d'argent » a expliqué l'ancien directeur technique de l'exploitation cité comme témoin.
Le procureur Lydia Pflug a admis les graves difficultés économiques de l'entreprise tout en pointant du doigt la responsabilité du prévenu : « La poule n'est pas une boite de conserve. Monsieur Karahancer a géré la situation dans l’indifférence la plus totale. Pour lui, l’animal était considéré uniquement comme un objet économique ».
L'avocat de la défense Dominique Riegel rétorque « l'installation était contrôlée en permanence par les services de l'Etat et les services vétérinaires ».
Le parquet et les six associations de défense des animaux qui se sont portées parties civiles ont admis que la cruauté ne pouvait être retenue et se sont accordés pour que les faits soient requalifiés en « abandon » d'animaux. La décision sera rendue le 6 mars.
Arthur de Laborde-Noguez