Malgré la popularité de Marine Le Pen dans les sondages, les élus locaux rechignent à donner leur signature au Front national.
En 2007, Jean-Marie Le Pen avait obtenu seize parrainages en Alsace. La moitié provenait de maires, l'autre de conseillers régionaux. Cette année, la tâche semble plus ardue pour sa fille. Parmi les huit édiles qui avaient parrainé le leader du Front national en 2007, seuls trois ont à nouveau confirmé leur soutien.
“Je pense qu'elle est une candidate comme les autres“, affirme Lucien Richard, le maire de Magny, dans le Haut-Rhin. L'élu ne craint pas les réactions de ses administrés. En 2007, il avait déjà accordé sa voix à Jean-Marie Le Pen. “Les retours étaient plutôt favorables“, confie ce maire convaincu de remplir un "devoir démocratique" en parrainant un candidat.
Marine Le Pen, candidate à la présidentielle de 2012, affirme n'avoir que 360 signatures. (crédit photo : flickr/Ernest Morales)
Jean-Paul Iltis, ancien maire de Wasserbourg, avait parrainé Jean-Marie Le Pen en 2007. Il l'a amèrement regretté par la suite : “C'était le seul parti qui est venu me voir“, justifie-t-il. A l'époque, les réactions négatives au sein du conseil municipal l'avaient “ébranlé“. “Aujourd'hui, je ne le referais pas“, conclut-il. Son successeur a retenu la leçon pour 2012 : il tient à rester “neutre" pour ne pas avoir "les mêmes problèmes“.
La plupart des maires hésite, comme Jean-Jacques Oberlin. Cet élu sans étiquette de Sondernach n'est pas encore décidé. Sa signature ira soit à l'UMP, soit au FN, comme en 2007.
Même position pour le maire de Crastatt. Cette année Bernard Hoerle reste indécis : “En 2007, j'étais harcelé par les représentants du FN. Du coup, j'ai fini par donner ma signature par souci démocratique, alors que je ne partage pas leurs opinions. Je n'ai rien décidé pour le moment. Je crois que Marine Le Pen peut avoir ses 500 signatures sans la mienne."
Pas si sûr. A en croire la candidate, il lui manquerait environ 150 parrainages. Une situation qui ne reflète pas sa popularité : les sondages créditent la candidate de 15 à 20 % des intentions de vote au premier tour de la présidentielle.
En Alsace, la section locale garde secret le nombre de signatures récoltées. C'est un sujet “très délicat et très confidentiel“ lâche Martine Binder, élue FN au Conseil régional.
Elea François et Wiebke Ramisch
crédit photo d'appel : flickr/Ernest Morales