25 mai 2012
« Le projet européen est mal en point » constate d'emblée Isabelle Durant. L’auditoire des rendez-vous européens de Strasbourg était venu écouter Martin Schulz, président du Parlement européen. Celui a préféré s'inviter au sommet informel des chefs d’État et de gouvernement à Bruxelles. A sa place, c’est une passionaria du groupe Verts/ALE, membre du groupe Spinelli, qui lui a délivré une plaidoirie en faveur de la démocratie parlementaire.
Diagnostic de l'ancienne ministre belge des Transports de 1999 à 2003 : les citoyens ont une perception négative de l'Union européenne, particulièrement en cette période de crise. L’« ultralibéralisme » dont elle est accusée en est certes un motif. Mais Strasbourg et les parlementaires nationaux portent leur part de responsabilité.
Isabelle Durant a déploré « ces eurodéputés qui, pour exister au milieu de cette masse de parlementaires, sont devenus des techniciens très pointus sur les dossiers mais qui ont du mal à politiser le débat européen, à la rendre lisible et compréhensible aux yeux des citoyens.» Mais elle a également pointé du doigt le désintérêt des députés nationaux pour la chose européenne. « Quand un ministre, quel que soit son portefeuille, vient à l'Assemblée nationale expliquer son action au sein du Conseil de l'Union, la plupart des parlementaires sont à la buvette et si c'est le vendredi, ils sont rentrés dans leur circonscription ! » Enfin, et plus important pour elle, « le Parlement européen s'est enfermé dans ses certitudes et son incapacité à être en phase avec le citoyen, notamment en période de crise et d'austérité.»
Conséquence « préoccupante »: la montée des nationalismes et des populismes. Pour y remédier: « Le Parlement doit être capable d'entendre l’insatisfaction voire la colère qui gagnent les peuples européens si on veut construire un nouveau projet. »
« Alliés objectifs et fédéralisme »
L’eurodéputée verte veut croire au réveil des parlements nationaux chamboulés par l'adoption du « six pack » et par le « pacte budgétaire » lancé en mars dernier par le Conseil européen. Elle y voit même une opportunité « Nous devons, nous, les parlementaires européens être les alliés objectifs des parlementaires nationaux. Nous sommes dans le même bateau pour tenter de travailler dans une logique communautaire vis-à-vis du Conseil. »
Pour elle, les solutions ne seront plus nationales et la crise aidant, le fédéralisme retrouve les couleurs qu'il avait perdues en 2009, au début de la législature. Pour commencer, le Parlement européen doit obtenir davantage de compétences, particulièrement dans les décisions sur le budget futur de l’Union : « Il est inacceptable que la Commission européenne ait un œil sur les budgets car les commissaires ne sont pas élus. » D'ailleurs, comme leur président, « ils devraient l'être par le Parlement européen. »
Favorable aux listes transnationales pour les élections européennes Isabelle Durant se verrait bien, en 2014, « aller faire campagne dans les universités polonaises. »
Adriane Carroger