12 mars 2013
Le scandale de la viande de cheval s'est invité mardi dans l'hémicyle. Au terme d'une enquête globale, Bruxelles devrait rendre public son rapport en avril. Mais déjà, le commissaire européen chargé de la santé et des consommateurs, Tonio Borg, estime que cette affaire est davantage imputable à une mauvaise application de la législation actuelle qu'à un déficit de traçabilité.
C'est en janvier que le scandale a commencé. Du cheval a été trouvé en Irlande dans des sandwichs surgelés censés contenir du bœuf. Avec stupéfaction, plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni, se sont retrouvés confrontés à des découvertes similaires. Tonio Borg a annoncé aux parlementaires européens que les tests ADN et une enquête d'Europol sur les circuits d'approvisionnement lui seraient prochainement communiqués. Il a promis la publication d'un rapport de la Commission fin avril. Ses conclusions devraient surtout porter, a-t-il révélé, sur la nécessité de multiplier les contrôles sur toute la chaîne alimentaire.
Des contrôles tous azimuts
La majorité des orateurs des groupes politiques qui se sont exprimés mardi sont convenus que les contrôles devaient être renforcés au maximum sans qu'il soit besoin de changer la législation. « Depuis 2006, les usines de découpage de viande font l'objet de moins d'inspections, et uniquement annoncées », s'est insurgée la députée britannique S&D, Linda McAvan. Pour Chris Davies (ALDE, RU), l'important est de « s'assurer que les Etats membres appliquent bien la législation, en particuier dans leurs tribunaux ».
Le parlementaire suédois Vert, Carl Schlyter, souhaite lui aussi « des inspecteurs publics sur toute la chaîne d'approvisionnement ». Mais il demande un circuit plus court entre éleveurs et consommateurs, comme James Nicholson (ECR, RU), qui dénonce une chaîne de transformation trop longue.
Certains eurodéputés ont cependant plaidé pour un renforcement de la traçabilité. Pour Martina Anderson (GUE/NGL, RU), il y a une carence de la législation européenne dans ce domaine. Elle prône un étiquetage obligatoire qui mentionne les pays d'élevage, d'abattage et de transformation pour les viandes transformées.
Les plus radicaux mettent en cause le pouvoirs de l'Europe dans ce domaine. C'est une « incompétence européenne », selon John Stuart Agnew, député (EFD, RU). Il déplore que « le Royaume-Uni ait stupidement donné, il y a 13 ans, compétence à l'UE en matière de sécurité alimentaire ». Lucas Hartong, député néerlandais non inscrit, souhaite mettre fin à l'Agence pour la sécurité alimentaire « incapable de faire la différence entre le viande de cheval et la viande de boeuf ».
L'étiquetage des produits frais et surgelés en suspens
En réponse aux députés, Tonio Borg a annoncé que le futur rapport devrait proposer des inspections par échantillonnage, organisées tout au long de la chaîne alimentaire. D'autres pistes sont également explorées. Pour lui, les sanctions financières doivent être aussi renforcées et devenir supérieures au profit économique tiré par les fraudeurs.
L'étiquetage des produits frais et surgelés fera l'objet d'un autre rapport qui sera publié dès que possible, a déclaré le commissaire européen. Mais il s'est montré d'emblée sceptique sur une telle mesure, mettant en avant un désaccord entre Etats membres.
Nicolas Mézil