13 mars 2013
En labellisant le capital-risque et l’entrepreneuriat social, l’Union espère renouer avec la croissance. Et laisse filer, au passage, une occasion de légiférer sur les paradis fiscaux.
Le label « fonds d'entrepreneuriat social européens » (FESE) destiné à des fonds souhaitant investir dans des entreprises sociales, aura bientôt force de loi dans l'Union. Il vise à encourager les investisseurs à soutenir la croissance de l'économie sociale en UE. Celle-ci représente 11 millions de salariés et 10 % du PIB européen.
Les entreprises sociales se donnent pour objectif de faire prévaloir l'impact social sur la maximisation les profits. Elles sont définies comme produisant des biens ou des services sociaux « aux personnes vulnérables, marginalisées, défavorisées ou exclues » : accès au logement, soins de santé, assistance aux personnes âgées, garde d'enfants etc. Les entreprises qui ne produisent pas des biens sociaux mais visent à l'insertion sociale et professionnelle des personnes défavorisées par l'accès à l'emploi sont aussi concernées.
En adoptant mardi 12 mars le rapport de Sophie Auconie (PPE, française) à une très large majorité (603 votes pour, 27 contre et 46 abstentions), les députés, se sont voulus plus prudents envers les marchés que la Commission dans sa proposition initiale. De nombreux amendements adoptés entendent minimiser le risque que les FESE soient « utilisés à des fins auxquelles ils ne sont pas destinés ». Pour le garantir un rôle accru sera attribué à l'Autorité européenne des marchés financiers (AEMF), la hauteur de leurs fonds propres sera contrôlée, et l'effet de levier devra y être limité.
Un fond d’investissement pourra être labellisé FESE dès lors qu’il investit au moins 70% du de son capital dans des entreprises sociales. Les 30% restants peuvent être investit dans d’autres types d'entreprises. Le règlement demande cependant aux FESE d'être éthiquement cohérents dans tous leurs investissements.
Claire Le Moine
Le label « Focarieu » entend faciliter les investissements des «fonds de capital-risque européen» dans toutes les jeunes PME innovantes de l'Union.
Les fonds de capital-risque se sont multipliés dans les pays européens, mais leur impact reste jusqu'à présent limité. Ils ne représentent que 2% en moyenne du financement de l'ensemble des PME européennes. Aux Etats-Unis, il pèse pour 14%. De plus, les législations nationales ne sont pas coordonnées au sein de l'UE.
La création d'un label européen entend doper leur développement, en leur fournissant un passeport qui élargit leur rayon d'action. Pour obtenir le label « Focarieu», les fonds devront être basés dans l'UE, et investir au moins 70 % de leurs avoirs en capital-risque. Ils ne pourront pas dépasser un montant global d'investissement, sur la base d'un ratio de fonds propres définis par la Commission. Ils pourront cibler des investisseurs institutionnels ou des investisseurs de détail qui sont disposés ou en mesure d'investir plus de 100 000 euros. Leurs gestionnaires devront s'inscrire auprès de l'autorité compétente de leur État membre d'origine, mais seront en mesure de commercialiser leur capital-risque dans l'ensemble de l'UE.
Anthime Verdier