13 mars 2013
Le Parlement européen a débattu lundi d'une feuille de route pour l’énergie à l’horizon 2050. Alors que l'on s'attendait à une discussion sur les énergies renouvelables, le débat s'est axé sur le recours au gaz de schiste.
La feuille de route proposée au Parlement européen qui prévoit de réduire les énergies polluantes ne fait qu'une timide allusion au gaz de schiste. Mardi, lors du débat en séance plénière sur le réglement qui doit être adopté mercredi, les interventions se sont focalisées sur cette ressource inexploitée en Europe. En temps de crise, la vertu écologique semble rapidement perdre sa consistance..
« Monsieur le commissaire, faites preuve d’audace. Soyez courageux au sujet du gaz de schiste », a lancé le rapporteur Niki Tzavela (ELD, Grèce), au commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger. Il lui a demandé la création d’une commission pour évaluer le potentiel de la création d’un grand centre d’exploitation conjointe dans le sud-est de la Méditerranée, au sud de la Grèce. Plus qu'une avancée énergétique, le projet serait une aubaine économique pour son pays.
Une « révolution énergétique et économique »
Günther Oettinger a convenu de la réalité d’une « révolution du gaz de schiste qui ne sera pas seulement énergétique », sous-entendant l'enjeu économique. Le député letton, Krišjānis Kariņš (PPE) a souligné explicitement sa valeur stratégique en affirmant que « le gaz de schiste pourrait être une alternative au gaz russe » dont l’Europe centrale et orientale est totalement dépendante.
Jacek Saryusz-Wolski (PPE, Pologne), rapporteur de la commission des affaires étrangères, a lui aussi mis l’accent sur l’intérêt que porte le gaz de schiste qui « sera une révolution plus importante que la Commission ne l’a dit dans sa feuille de route ».
Seul le Vert luxemburgeois Claude Turmes est resté ferme sur son opposition, parlant d’un « mirage » qui entraînerait « une catastrophe absolue pour l’environnement ». Les craintes portent sur une pollution des sols et de l’eau en cas de fuite. Les Verts accusent également la consommation de gaz de participer à l’effet de serre.
Néanmoins, Günther Oettinger a reconnu l'inévitable « montée en puissance du gaz de schiste ». Selon lui, cette énergie devient incontournable pour trois raisons. Elle est plus propre, plus disponible que le pétrole. Surtout, le gaz de schiste est selon lui un « partenaire pour accompagner les énergies renouvelables quand il n'y a ni vent, ni soleil ». Il devra être développé d'ici 2030. La Commission profite ainsi de la réflexion sur de nouveaux types d'énergie pour préparer les esprits à son arrivée.
Nicolas Mézil
Photo : © Parlement européen