04 février 2016
Mardi 2 février, le Parlement européen débattait d’une proposition de résolution visant à faire pression sur la Commission pour qu’elle s’attaque avec plus de détermination à la question de l’égalité homme/femme.
Mardi soir, 20h15 au Parlement européen. Alors que l’interminable débat sur Schengen vient de se terminer, place à un nouveau thème. L’hémicycle n’en finit plus de se vider, ce qui pousse la socialiste espagnole Iratxe Garcia Pérez à prendre le micro et à hurler à ses collègues « Restez ! On ne peut pas faire de la politique sur notre dos ! ». « On », c’est la Commission européenne coupable aux yeux de la présidente de la commission de l’égalité des droits de la femme et de l’égalité des genres d’avoir traité avec un peu trop de légèreté cette question pour la période 2016-2020. La Commission a publié ses intentions en la matière le 9 décembre dernier à travers un document de travail.
En séance, la députée S&D (sociale-démocrate) belge Maria Arena a mis les rieurs de son côté en faisant mine de s’interroger : « Pourquoi l’égalité entre les hommes et les femmes, en tant que principe fondateur de l’UE, ne bénéficierait-elle plus d’un vrai programme d’action et d’une communication de la Commission européenne ? Car ces deux dernières années, la Commission nous a inondé de communications : communication sur le niveau sonore des moteurs, communication sur l’utilisation civile des systèmes d’aéronefs pilotés, communication sur les voyages à forfait…mais quand il s’agit de femmes, il faut, comme par hasard, de la simplification administrative ! Ce n’est pas de la sémantique, c’est de la politique ! ».
L'eurodéputée Iratxe Garcia Pérez est présidente de la commission de l'égalité des droits de la femme et de l'égalité des genres au sein du Parlement européen. @RobinDroulez/ CUEJ
Une résolution non contraignante
Au cours de la séance, sur les trente-deux orateurs à s’exprimer sur le sujet, seuls cinq étaient des hommes.
Dans son bureau, Iratxe Garcia Pérez déplore ce manque d’intérêt de la gent masculine pour ces questions, signe que « le machisme existe encore ». Elle explique que le programme d’action de la Commission « tient en un simple document de travail adopté en décembre dernier au lieu d’une véritable stratégie hommes/femmes comme ce fut le cas pour la période 2010/2015 ».
Si la différence peut paraître subtile au néophyte des questions européennes, elle est capitale pour Iratxe Garcia Pérez : « Un document de travail ne peut être évalué, il n’a pas d’objectifs concrets. Une stratégie s’impose à tous le collège des commissaires qui doivent tenir compte de cet objectif à chaque moment de la décision politique ».
La résolution, soutenue par les groupes GUE/NGL (gauche radicale), S&D, Verts et ALDE (libéraux centristes) a été adoptée au cours de la séance de vote du mercredi après avoir glané quelques soutiens à la droite du Parlement. Elle sera transmise à la Commission, sans autre effet contraignant.
Arnaud Richard