25 février 2014
C'est l'argument-massue du rapport de l'AEJE (Association Européenne des Jeunes Entrepreneurs) présenté mardi au Parlement : le transfert du siège nécessiterait un endettement sur 40 ans de 1,2 milliard d'euros. Un « gouffre financier », selon l'association alsacienne.
Dans la désormais familière querelle du siège, les pro-Strasbourg ont riposté mardi soir en rendant public au Parlement un rapport de l'Association Européenne des Jeunes Entrepreneurs (AEJE) intitulé « Le siège dans tous ses états, 2 ans après ».
Principal constat : concentrer à Bruxelles les services du parlement, actuellement répartis entre Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg, nécessiterait l'achat de nouveaux bureaux pour les 2500 fonctionnaires luxembourgeois, engendrant selon l'AEJE un endettement de 1,2 milliard, hors intérêt. En cause, les coûts de l'immobilier à Bruxelles et la saturation du quartier européen.
Dans le viseur de Pierre Loeb, président de l'AEJE, les défenseurs d'un siège unique à Bruxelles, menés pas le conservateur écossais Edward McMillan-Scott (ALDE) qui a fait une apparition, brève mais remarquée, dans la salle.
Les pro-Bruxelles ont marqué des points cette année, avec le vote de la résolution Fox-Häfner en novembre dernier. Une large majorité des députés s'étaient prononcés en faveur de l'autodétermination de son siège par le Parlement, résolution d'initiative sans valeur juridique contraignante.
Ce second rapport de l'AEJE reprend les données avancées il y a deux ans : le coût supplémentaire dû au siège strasbourgeois serait selon les estimations des services généraux du Parlement de 52 millions par an, soit quatre fois moins que l'estimation des anti-strasbourgeois. Des chiffres validés par la commission de contrôle budgétaire du Parlement.
« Pourquoi Cohn-Bendit lui-même a-t-il les mauvais chiffres ? »
Pierre Loeb a dénoncé la désinformation ambiante : « Pourquoi Cohn-Bendit (qui a récemment pris position pour un siège unique à Bruxelles NDLR) lui-même a-t-il les mauvais chiffres ? » Egalement évoqués lors de la présentation du rapport par les députés présents : la validité douteuse de la pétition anti-Strasbourg de 2006, le mauvais état de l'hémicycle bruxellois, le manque d'espace de parking dans la capitale belge.
« Ils (les pro-Bruxelles) sont incapables de produire un seul argument qui ne soit pas fallacieux », a assuré Pierre Loeb. Et Nathalie Griesbeck (ALDE – Fr) de moquer les « arguments fantasques » du camp adverse, comme le taux de bronchites supposé plus élevé à Strasbourg qu'à Bruxelles.
Pour autant, la question de la transhumance des eurodéputés est loin d'être réglée. Les traités prévoient que « le Parlement a son siège à Strasbourg, où se tiennent les douze périodes de sessions plénières mensuelles ». Impossible donc de déménager, à moins de modifier les traités à l'unanimité, ce à quoi la France s'opposera.
Catherine Trautmann, présente à la présentation du rapport, a été formelle : « Si l'on remet en cause le siège du Parlement européen, c'est l'ensemble des sièges des différentes institutions qui doivent être renégociés, y compris BCE et Commission. » Un débat improbable à quelques semaines des élections européennes.
Le rapport de l'AEJE est consultable ici.
Cécile Pollart